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Syndrome toxique du segment antérieur post-chirurgie de cataracte : série de 7 cas

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Auteurs :
Dr Steven NAHAISI
Dr Jennifer MARIE-LOUISE
Sadri Chahed
Tags :
Résumé

Introduction

Le syndrome toxique du segment antérieur (TASS) est une inflammation post-opératoire aiguë, stérile, du segment antérieur, lié à la présence d’un agent toxique intra-oculaire peropératoire. L’objectif de l’étude est de décrire la présentation clinique d’une épidémie de TASS survenue dans notre centre, ainsi que les résultats de l’enquête étiologique.

Patients et Methodes

Nous rapportons 7 cas de TASS post-chirurgie de cataracte sans évènement indésirable per-opératoire, apparus entre mars et septembre 2017 à l’hôpital Simone-Veil (Groupe Hospitalier Eaubonne-Montmorency). Pour chaque patient, les données cliniques (acuité visuelle, examen à la lampe à fente, fond d’œil, tonus oculaire) ont été relevées avant et après la chirurgie, ainsi que le délai d’apparition des symptômes. Un prélèvement d’humeur aqueuse a été réalisé chez tous les patients pour analyse microbiologique. Une enquête étiologique a été réalisée en retraçant le processus de stérilisation des instruments, l'analyse des solutions d’irrigation, des produits viscoélastiques et celle des implants intra-oculaires.

Résultats

Les symptômes sont apparus entre 2 et 33 jours post-opératoire (3 jours après l’arrêt de la corticothérapie topique post-opératoire pour les cas tardifs). Les principaux signes cliniques étaient : la baisse d’acuité visuelle, l’œdème de cornée et l’inflammation sévère de chambre antérieure. Il n’y avait pas d’hyalite au fond d’œil lorsque celui-ci était accessible. Tous les prélèvements d’humeur aqueuse étaient stériles à l'examen direct et en culture. Tous les patients ont été hospitalisés et traités initialement comme des endophtalmies (antibiothérapie intra-vitréenne et systémique, puis corticothérapie topique et systémique). L’enquête étiologique a mis en cause un défaut dans le processus de stérilisation des instruments : l’insuffisance de rinçage des canules d’irrigation-aspiration après détersion.

Discussion

L'incidence des TASS est probablement sous-estimée. La présentation clinique initiale étant presque indifférenciable de l’endophtalmie, ils sont traités comme tels et évoluent favorablement, notamment à l'adjonction d'une corticothérapie.  Le diagnostic de certitude, reposant sur un faisceau d'arguments à postériori, est rarement posé et ne permet probablement pas de renseigner l'incidence exacte. L'agent causal a été écarté, dans notre cas par un rinçage correct du produit de détersion des canules d'irrigation-aspiration et a permis l'arrêt de cette épidémie.

Conclusion

Toute inflammation post-opératoire aiguë doit faire suspecter une endophtalmie en premier lieu, et implique sa prise en charge diagnostique et thérapeutique en urgence. Une augmentation rapide et brutale de l’incidence des cas d’inflammation post-opératoires aiguës, régressant rapidement sous corticothérapie, devrait faire évoquer le diagnostic de TASS et faire pratiquer une enquête minutieuse sur la tolérance des solutés et des dispositifs qui pénètrent la chambre antérieure lors de la chirurgie de cataracte.