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Toxicité rétinienne des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 : à propos de deux cas

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Auteurs :
Dr Manal BENLAHBIB
Raphaelle Orès
Michel Paques
José-Alain Sahel
Dr Isabelle AUDO
Tags :
Résumé

Objectif

Les inhibiteurs de la phosphodiesterase type 5 (IPDE5) sont utilisés pour le traitement de la dysfonction érectile et de l’hypertension artérielle pulmonaire pré-capillaire. Leurs effets ophtalmologiques sont multiples, mais leur toxicité rétinienne est très peu rapportée dans la littérature. L’objectif de notre étude est de décrire les altérations rétiniennes liées à l’utilisation des IPDE5.

Description de cas

Nous rapportons le cas de deux patients avec des altérations rétiniennes liées à l’utilisation des IPDE5. Un examen ophtalmologique complet, incluant une imagerie rétinienne (tomographie par cohérence optique en spectral domain (SD-OCT), , clichés en autofluorescence au bleu et en proche infrarouge), des potentiels évoqués visuels (PEV), un électrorétinogramme (ERG) global et multifocal (ERGmf), un champ visuel et un test de vision des couleurs au 15Hue désaturé.

Observation

Observation 1 : il s’agit d’un patient âgé de 64 ans, qui a présenté une baisse de vison brutale bilatérale avec dyschromatopsie et photopsies initiales cinq heures après la prise de sildenafil. Son acuité visuelle (AV) corrigée initiale était de 4/10e sur l’œil droit (OD) et de 2,5/10e sur l’œil gauche (OG). Lors de l’examen 9 jours plus tard, l’AV était remontée à 10/10e P2 aux deux yeux. L’examen du fond d’œil ne retrouvait pas d’anomalie. Le champ visuel montrait un scotome central bilatéral plus profond à gauche. Les PEV damiers retrouvaient un retard des temps de culmination. L’ERG damiers montrait une onde p50 mal structurée en rapport avec une dysfonction maculaire. L’ERG global ne retrouvait pas de dysfonction rétinienne globale associée. Les clichés en autofluorescence en proche infrarouge montraient un aspect moucheté bilatéral. La SD-OCT retrouvait de manière symétrique une hypo-réflectivité de la zone ellipsoïde en parafoveolaire, cependant relativement bien conservée en rétrofovéolaire.

Observation 2 : Il s’agit d’un patient âgé de 45 ans, présentant une dyschromatopsie de l’OG suite à la prise de tadalafil. L’examen ophtalmologique réalisé 1 mois après la prise médicamenteuse retrouvait une AV à 10/10e  P2 aux deux yeux avec un FO normal. Le test de vision des couleurs retrouvait un défaut d'axe tritan bilatéral. L’ERGmf montrait une discrète dysfonction maculaire bilatérale. L’ERG global ne retrouvait pas de trouble de l’électrogenèse rétinienne globale. Les clichés en infrarouge montraient de rares hyper réflectivités parafoveolaires bilatérales. La SD-OCT retrouvait des altérations de la ligne d’interdigitation et de la zone ellipsoïde, plus marquées en parafovéolaire et sur l’œil gauche. Au contrôle à deux mois on notait une persistance des dyschromatopsies, avec en SD-OCT une persistance de discrètes anomalies au niveau des lignes d’interdigitation et ellipsoïde. 

Discussion

Ces deux cas démontrent une atteinte sélective des articles externes des photorécepteurs maculaires, partiellement résolutive, induite par les IPDE5, peu rapportée dans la littérature. La physiopathologie reste incertaine et pourrait impliquer l'action directe des IPDE5 sur la cascade de la phototransduction.

Conclusion

Il semble que les IPDE5 aient une toxicité au niveau des photorécepteurs maculaires jusqu’ici peu connue. Un suivi à long terme des patients permettra de déterminer la nature résolutive des altérations. Par ailleurs, l'observation d'autres cas permettra de mieux comprendre la relation dose/altération et la physiopathologie de ces atteintes maculaires.