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Traitement des plaies de cornée en période COVID-19 : les sutures de polyglactin 10-0, une précieuse aide stratégique

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Orateurs :
Dr Nicolas ABIHAIDAR
Auteurs :
Dr Nicolas ABIHAIDAR
Gilles Thuret
Philippe Gain
Dr Thibaud GARCIN
Tags :
Résumé

Introduction

La pandémie de COVID-19 nous a amenés à réorganiser et repenser nos pratiques, pour s’adapter aux nouvelles contraintes sanitaires : accès au bloc opératoire limité en ophtalmologie uniquement pour les urgences fonctionnelles et capacité de consultations externes réduites drastiquement au profit de la téléconsultation. Le but de cette étude est d’évaluer l’intérêt du monofil résorbable Vicryl 10-0 (polyglactin 910) en traumatologie cornéenne: résultat structurel et fonctionnel, et adaptation du suivi en crise sanitaire.

Patients et Methodes

Durant la pandémie de COVID-19, parmi la population globale des urgences chirurgicales à globe ouvert ou fermé au CHU de Saint Etienne, neuf yeux de 9 patients ont été sélectionnés: ils ont bénéficié d’une prise en charge médicochirurgicale après bilan lésionnel complet (avec imagerie TDM si nécessaire), pour plaie cornéenne avec ou sans corps étranger intracornéen, éligible aux sutures cornéennes avec monofil résorbable Vicryl 10-0, remplaçant donc le traditionnel fil non résorbable Nylon 10-0. La durée d’hospitalisation a été de 1.11±0.33 nuit. Le traitement post-opératoire combinait anti-inflammatoires, antibiotiques topiques et agents mouillants. Des consultations externes ont eu lieu à J10, M2 ou M3 (en fonction des cas et de l'évolution), M6, M12 : acuité, photos lampe à fente, microscopie spéculaire, topographie cornéenne, OCT de segment antérieur et maculaire, rétinophotos. Des contrôles intermédiaires ont été effectués si besoin en téléconsultation.

Résultats

Sur les 9 plaies cornéennes il y avait : 3 enfants et 6 adultes; 2 accidents du travail et 7 accidents domestiques; 8 traumatismes (2 transfixiants cornéolimbiques, 6 non transfixiants) et 1 perforation inflammatoire de 2.5mm de grand axe (requérant une membrane amniotique cryoconservée); 3 plaies avec corps étrangers métalliques. Parmi les plaies traumatiques, toutes étaient obliques, spiroides, avec stroma déchiqueté, centrale ou paracentrale, de grand axe minimal >1.5mm ; seulement 2 présentaient des refends multiples. Sept patients ont bénéficié de sutures cornéennes avec du Vicryl 10-0 résorbable seul, deux patients ont également bénéficié de sutures Nylon non résorbable 8-0 ou 10-0 pour la portion limbique. Les acuités moyennes de loin et de près se sont améliorées de 0.756±0.772 & 0.556±0.305 logMAR en pré-opératoire à 0.067±0.071 & 0.333±0.100 logMAR en post-opératoire (P=0.022 et P=0.043 respectivement). L’astigmatisme moyen est passé de 6.25±4.24 dioptries en pré-opératoire à 1.13±0.48 après résorption des fils (P=0.007). Le nombre moyen de consultations externes post opératoires était de 2 avec une téléconsultation. Il n’y a eu aucun évènement indésirable grave, notamment infectieux (abcès ou endophtalmie), ni reprise chirurgicale.

Discussion

Sans compromettre la sécurité du patient, le caractère résorbable des sutures permet une simplification logistique en diminuant le nombre de consultations externes : risque infectieux réduit au maximum; traitement topique et antibioprophylaxie écourtés; pas d’ablation des fils nécessaire en consultation ou bloc opératoire notamment pour la population pédiatrique; téléconsultation(s) intermédiaire(s) à la demande évaluant facilement la nécessité d’une consultation physique supplémentaire.

Conclusion

Les sutures cornéennes avec monofil résorbable Vicryl 10-0 s’adaptent parfaitement aux contraintes logistiques imposées par la pandémie COVID-19: elles constituent une option efficace et sécuritaire pour la prise en charge de certaines plaies cornéennes éligibles, à la place du traditionnel Nylon 10-0.