L’idébénone est un traitement reconnu de la neuropathie optique héréditaire de Leber (NOHL) qui bénéficie d’une AMM pour le traitement de cette pathologie sous certaines conditions. Cette molécule est un puissant anti-oxydant et inhibiteur de l’oxydation lipidique, interagissant avec la chaine respiratoire mitochondriale et facilitant le flux d’électrons en contournant le complexe 1 mitochondrial. Le fonctionnement de ce dernier est altéré dans plusieurs mitochondriopathies telles que la NOHL, l’atrophie optique dominante, ainsi que dans le syndrome de Leigh. Nous rapportons le cas d’un enfant de 9 ans présentant une neuropathie optique bilatérale sur une mutation atypique du gène MT-DN5 codant pour le complexe 1, traitée par idébénone.
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Traitement par l'idébénone d'une neuropathie optique bilatérale atypique de l'enfant : à propos d'un cas
But
Observation
Il s’agit d’un enfant âgé de 9 ans ayant présenté en avril 2016 une baisse d’acuité visuelle rapidement progressive bilatérale, sans douleur associée, et sans antécédent médical ou familial. L’acuité visuelle initiale était effondrée aux 2 yeux (compte les doigts à 1m à droite, et à 50cm à gauche). L’examen ophtalmologique a quant à lui retrouvé une atrophie des nerfs optiques au fond d’œil ainsi qu’un scotome caeco-central au champ visuel de Goldmann. L’ensemble du bilan systémique et neurologique (comprenant une IRM cérébrale et des voies optiques) était normal. Devant l’évolution rapide et la forte suspicion d’une NOHL, un traitement par idébénone a été instauré (300 mg/jour).
Cas clinique
Après sept mois de traitement, le patient présentait une amélioration significative de son acuité visuelle, chiffrée à 1/10e à droite et 6/10e à gauche. Le champ visuel de Goldmann s’améliorait avec une diminution du scotome caeco-central. L’analyse moléculaire de l’ADN mitochondrial retrouvait le variant m.13094T>C dans le gène MT-ND5, codant pour le complexe 1 mitochondrial.
Discussion
Ce variant, rarement décrit, n’était rattaché jusqu’à présent qu’à des patients atteints d’ataxies ou syndrome de Leigh. Il s’agit de la première manifestation à type de neuropathie optique isolée décrite avec ce variant. D’autres variants dans ce gène ont été découverts ces dernières années, et sont dans une faible proportion associés à la neuropathie optique de Leber. Il existe très probablement un continuum dans ces différentes mitochondriopathies. L’efficacité de l’idébénone chez notre patient atteint de neuropathie optique bilatérale pourrait s’expliquer par son action au sein de la chaine respiratoire mitochondriale, permettant de contourner le complexe 1 défectueux.
Conclusion
L’introduction d’un traitement par idébénone a été suivie par une amélioration significative de la fonction visuelle d’un patient âgé de 9 ans présentant une mutation du gène MT-ND5 non rattachée aux neuropathies optiques jusqu’à présent.