Face à la survenue d’une uvéite chez les patients traités par biothérapie et/ou DMARDs pour un rhumatisme inflammatoire, il s’agit d’en préciser rapidement l’origine inflammatoire ou infectieuse pour une prise en charge optimale. Nous rapportons ici les cas déclarés à la pharmacovigilance en France entre 2000 et 2015.
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Uvéites sous biothérapies et/ou DMARDs en Rhumatologie : analyse de la base de données déclarative de la pharmacovigilance nationale française
Introduction
Patients et Methodes
Nous avons interrogé la Base de Données Nationale Française de Pharmacovigilance sur les déclarations d’uvéites chez les patients traités pour une maladie inflammatoire rhumatologique, digestive ou une connectivite par DMARDs et/ou biomédicaments (antiTNFα, anti-IL1, IL6, CD20, abatacept, methotrexate (MTX), leflunomide, azathioprine, antimalariques, corticostéroïdes) entre 2000 et 2015. Tous les types d’uvéites ont été inclus antérieures (UA), intermédiaires (UI), postérieures (UP) et panuvéites (panUV).
Résultats
32 cas ont été rapportés (42 yeux atteints) chez 15 hommes et 17 femmes d’âge moyen de 44 ans [19-70] : 14 SPA, 9 PR, 3 MICI, 1 psoriasis, 1 lupus, 3 rhumatismes inflammatoires inclassés et 1 goutte. Deux patients recevaient un DMARD seul et 30 étaient sous biothérapie dont 6 en association avec un DMARD (17 etanercept, 6 infliximab, 2 adalimumab, 1 golimumab,3 tocilizumab et 1 anakinra). Nous avons retrouvé 19 UA (dont 8 bilatérales), 1 UI unilatérale, 5 UP et 2 panUV.
Dans 5 cas l’origine infectieuse a été identifiée : 2 toxoplasmoses (panUV chez une PR sous infliximab ; UP bilatérale chez un goutteux diabétique sous anakinra + MTX + corticoïdes), 2 infections herpétiques (pan UV chez une PR diabétique sous etanercept + MTX + corticoïdes ; UP unilatérale chez une PR sous tocilizumab +MTX) et une tuberculose (UP bilatérale chez une SPA sous etanercept). Dans les autres cas, les données ne permettaient pas de définir si les uvéites étaient liées à la maladie ou au traitement (dont 5 déclarations trop incomplètes pour être analysables).
Attitude thérapeutique : rotation de la biothérapie pour un autre biologique (9 cas), arrêt définitif (8 cas), interruption puis reprise après résolution de l’épisode oculaire (5 cas). Le traitement a été poursuivi à l’identique sans interruption chez 4 patients (1 SPA sous adalimumab et 2 sous étanercept, 1 RP sous infliximab). La Base ne permet pas de préciser finement l’évolution ultérieure.
Discussion
La répartition du type d’uvéite de notre population est identique à celle de la population générale. Sur 5 uvéites formellement étiquetées infectieuses, 2 sont liées à la toxoplasmose, première cause d’uvéite postérieure en Europe et 2 sont formellement liées à l’herpès, première cause d’uvéite antérieure. Cependant, le caractère déclaratif et non exhaustif de la description dans ce type de registre représente une limitation importante de ce travail, notamment pour les UA où la description ophtalmologique enregistrée n’est pas suffisante pour établir un diagnostic étiologique définitif. Les données sont insuffisantes pour analyser le rôle propre du médicament.
Conclusion
L’apparition d’une uvéite sous biothérapie ne doit pas faire seulement évoquer un échappement thérapeutique, surtout si la manifestation oculaire est isolée. L’origine infectieuse favorisée par la biothérapie doit être discutée systématiquement. L’identification de l’étiologie d’une uvéite survenant sous biothérapie est cruciale pour la prise en charge, souvent multidisciplinaire, du patient.