Le diagnostic de la maladie de Lyme repose sur un faisceau d’arguments : exposition possible (zone d’endémicité, saison estivale, piqure de tique), symptomatologie compatible et une sérologie positive. Même si elle est une cause rare d’uvéite (<2%), la sérologie Borrelia est toujours largement prescrite en 1ère intention dans le bilan d’une uvéite. L’objectif de notre étude rétrospective est de définir la fréquence et la présentation clinique de la maladie Lyme ainsi que la valeur de la sérologie parmi une population de patients référés dans un centre tertiaire pour le diagnostic d’une uvéite.
Name
Valeur du dépistage sérologique de la maladie de Lyme devant une uvéite
Introduction
Patients et Methodes
1006 patients présentant une uvéite ont été référés dans le service de médecine interne du centre hospitalo-universitaire entre Mai 2003 et Juillet 2016. Parmi eux, nous avons inclus les 430 patients qui ont eu une sérologie de Lyme par méthode Elisa (IgG et IgM) réalisée et interprétée dans notre laboratoire de bactériologie. Les sérologies étaient considérées comme positives après confirmation par un Immunoblot IgG et IgM. Le diagnostic d’uvéite associée à la maladie de Lyme était retenu à partir de 3 éléments : (1) une sérologie positive ; (2) l’exclusion des autres causes d’uvéites (sérologie syphilitique, TDM thoracique, quantiféron systématiques…) ; (3) l’efficacité de l’antibiothérapie.
Résultats
Parmi les 430 patients (60% femmes, âge moyen 49 ans [6-91]), 63 (14,7%) avaient une sérologie positive en Elisa : 41 IgG+, 27 IgM+, dont 5 IgG+ et IgM+. 34 sérologies (7,9%) ont été confirmées positive par lmmunoblot : 29 IgG+, 16 IgM+, dont 11 IgG+ et IgM+. Il s’agissait majoritairement d’uvéites bilatérales (62%, n=266). Tous les types anatomiques étaient représentés. Un diagnostic d’uvéite associée à la maladie de Lyme a été finalement retenu chez 7 patients (1,6%), après une antibiothérapie par ceftriaxone (n=6) ou doxycycline (n=1). Le traitement a été rapidement efficace pour tous, mais 3 ont présenté des récidives dont 2 ont reçu une 2eme antibiothérapie. Tous étaient résistants aux corticoïdes seuls. Six patients rapportaient des promenades en forêt, dont 2 se souvenaient de piqures de tiques. Les manifestations extra-ophtalmologiques incluaient : un érytheme chronique migrant (n=1), des arthrites (n=2), un lymphocytome bénin (n=1) et trouble de conduction cardiaque (n=1). Les analyses du LCR (n=7), de la chambre antérieure et du vitré par PCR (n=5) n’étaient pas contributives. Concernant les 27 autres sérologies positives, diverses étiologies ont été retenues : sarcoïdose (n=11), herpes virus (n=4), lymphome (n=2), maladie de Crohn (n=1), toxoplasmose (n=1), leptospirose (n=1), sclérose en plaques (n=1) et tuberculose (n=1). Cinq sont resté indeterminés.
Discussion
La séropositivité pour la borréliose de Lyme est de 7,9% (34/430) pour l’ensemble des uvéites testées, ce qui est proche de la séroprévalence dans la population générale en France (6 à 8,5%). Un diagnostic de maladie de Lyme a été finalement retenu chez seulement 1,6 % des patients. Notre étude, qui est la seconde en termes d’effectif, confirme la faible prévalence de la maladie de Lyme et donc la faible valeur prédictive positive de la sérologie.
Conclusion
La sérologie ne doit pas être systématique mais guidée par des éléments d’orientation chez les patients souffrant d’uvéite considérée au préalable comme inexpliquée. Nous proposons que les critères diagnostique d’uvéite associée au Lyme inclus également l’absence de diagnostic différentiel et la réponse traitement.