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Chapitre 13
Médicaments injectables par voie intravitréenne

F. Chast, M.-L. Brandely-Piat, F. Behar-Cohen

L'essentiel
  • L'injection intravitréenne (IVT) est devenue un geste quotidien de l'ophtalmologiste, redouté des patients mais bien toléré. Ce geste simple doit être réalisé dans des conditions contrôlées.
  • Au prix d'un rythme soutenu d'injections de protéines d'anti-angiogéniques, la vision est préservée chez la plupart des patients atteints de DMLA humide, d'œdème maculaire diabétique, inflammatoire ou vasculaire.
  • Les préparations injectables doivent répondre à des exigences de stabilité, de stérilité et de composition précises – tout médicament n'est pas injectable dans le vitré.
  • La plupart des injections sont réalisées avec des médicaments en dehors des indications de leur AMM et seuls trois médicaments IVT ont à ce jour l'AMM en France.
  • Les relations pharmacocinétique/pharmacodynamique des médicaments injectés dans le vitré ne sont pas encore parfaitement comprises et les études chez l'homme sont rares.
Introduction
L'administration de médicaments par injection intravitréenne [1] est devenue, depuis quelques décennies, une pratique habituelle et une technique fréquemment mise en œuvre pour le traitement des maladies du segment postérieur [2]. Ces injections ont été appliquées à une grande diversité de maladies, y compris infectieuses, inflammatoires, néovasculaires et œdémateuses de la macula, de la rétine et de la choroïde [ 3]. La voie intravitréenne permet d'atteindre des concentrations maximales de médicament dans, ou à proximité immédiate, les tissus cibles [ 4].
Quatre spécialités pharmaceutiques, disposent d'une autorisation de mise sur le marché (AMM), en France, pour l'administration intravitréenne (IVT). Les autres médicaments injectés n'ont pas été conçus pour l'ophtalmologie [ 5 , 6]. Bien que certains compartiments de l'œil soient des sites « immunitaires privilégiés», une grande prudence est indispensable en raison de l'immunogénicité de nombreux médicaments, en particulier à l'égard de certaines biothérapies [7].
L'IVT a été introduite utilisée à partir de 1895 pour administrer de l'air dans le traitement des décollements rhegmatogène de la rétine [ 8] ou de l'hémorragie du vitré [ 9]. L'irruption des cas de rétinites à cytomégalovirus (CMV), secondaires à l'explosion épidémique du syndrome d'immunodéficience acquise (sida) [ 10], a conduit aux premières injections IVT d'antiviraux. En 1987, une première publication a rapporté l'efficacité du ganciclovir en IVT à un patient porteur d'une rétinite à CMV [11], dont l'intérêt était renforcé par la difficulté d'obtenir des concentrations virucides dans le tissu rétinien à partir d'une perfusion intraveineuse. D'autres études ont été menées dans les années 1980 et 1990 afin d'évaluer l'administration intravitréenne de 5-fluorouracile (5-FU) [ 12], de dexaméthasone [13] et d'activateur tissulaire du plasminogène [14]. L'acétonide de triamcinolone (TA) a été largement utilisé pour le traitement de l'œdème maculaire diabétique [15] et proposé (sans succès) dans le traitement des néovascularisations choroïdiennes [ 16].
Dans les années 2000, le premier anti-VEGF, le pegaptanib sodique (Macugen®) a été approuvé dans le traitement de la DMLA humide en IVT mensuelle. Au même moment, un anticorps monoclonal (mAb) dirigé contre le VEGF-A, le bévacizumab, est apparu (fortuitement) comme la première option thérapeutique avec des gains en acuité visuelle dans le cadre du traitement de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) [17], de l'œdème maculaire et de l'occlusion veineuse centrale de la rétine [ 18], et ce en dehors de l'AMM du médicament qui avait été développé pour diverses indications cancérologiques. Peu après, le ranibizumab, un fragment de l'anticorps monoclonal anti-VEGF-A et l'aflibercept, protéine de fusion recombinante composée des fragments des domaines extracellulaires des récepteurs de types 1 et 2 du VEGF humain fusionnés au fragment Fc de l'IgG1 humaine, ont été mis sur le marché et, malgré la contrainte des injections IVT itératives, ont révolutionné la prise en charge de maladies rétiniennes pour lesquelles il n'y avait aucun recours thérapeutique.
Ce chapitre décline les principales caractéristiques de l'injection IVT, les aspects pharmacocinétiques, les problématiques galéniques, les modalités particulière de l'administration, ses contraintes et ses outils. Dans un deuxième temps, nous présentons les différentes classes de médicaments susceptibles d'être administrés dans l'humeur vitrée, leur disponibilité, leur sécurité préclinique et clinique, incluant les problèmes liés à la biocompatibilité de principes actifs ou d'excipients qui entrent dans des formulations qui ont été validées dans le cadre d'une AMM de spécialité pharmaceutique destinée à la voie intraveineuse, qui ne prend donc pas en compte les risques spécifiques de l'environnement vitréo-choroïdo-rétinien.
Vitré
Le vitré est le site idéal d'administration de médicaments destinés à traiter les du segment postérieur.
Chez l'adulte, le vitré pèse environ 4 g, a une densité de 1,0053-1,0089 g cm −3 , un indice de réfraction (IR) de 1,3345 à 1,3348 et un pH compris entre 7,0 et 7,4. C'est un gel composite principalement composé d'eau (98-99 %), de fibres de collagène, de glycosaminoglycanes (principalement de l'acide hyaluronique) et d'autres protéines structurelles non collagènes (opticine et fibrilline), ainsi que d'un nombre restreint de cellules essentiellement localisées à la base (hyalocytes (90 %) et fibroblastes (10 %).) Si à la naissance, le vitré est un gel, au fil de la croissance, son volume total se dilate avec l'âge et, alors que la quantité d'hyaluronate reste constante, le vitré perd progressivement de sa viscosité, notamment de la périphérie vers le centre [19]. Alors que la viscosité de l'eau est de 1 cP, la viscosité du vitré sain est, en moyenne, de 300 à 2000 cP [20]. Avec l'âge, la masse du vitré diminue progressivement, puis s'effondre au cours d'un phénomène appelé synérèse, qui peut conduire à un décollement postérieur du vitré (DPV).
L'administration du contenu d'une seringue (1 à 2 % d'adjonction volumétrique) au volume du vitré expose à un risque d'élévation, au moins transitoire, de la pression intraoculaire (PIO). Le vitré, avasculaire, est un compartiment de stockage, en particulier pour les médicaments de haut poids moléculaire. Pour les substances de poids moléculaire plus bas, on observe une diffusion libre de l'arrière vers l'avant de l'œil.
Réalisation pratique d'une injection intravitréenne
Protocole
La Société française d'ophtalmologie et la Société française d'hygiène hospitalière ont conjointement proposé une version actualisée (janvier 2020) du protocole de réalisation d'une injection IVT, en particulier les éléments relatifs à l'antisepsie du globe oculaire [21] (fiche d'information sur l'injection intravitréenne, has-sante.fr). Ce protocole est le suivant :
  • la détersion initiale avant la réalisation d'une antisepsie sur une peau sans souillure n'est plus obligatoire car aucune recommandation n'a montré de preuve scientifique suffisante;
  • la désinfection de la peau péri-oculaire, des cils et des paupières est réalisée au moyen d'une solution ophtalmique de povidone iodée à 5 %. En cas d'intolérance cutanée sévère prouvée et non contrôlable, après avoir discuté avec le patient du possible risque accru d'endophtalmie et avoir mis en balance cela avec le risque d'arrêt de traitement par le patient pouvant être délétère à sa vue, l'hypochlorite de sodium en solution aqueuse à 0,06 % est utilisé;
  • interviennent ensuite la mise en place du champ oculaire stérile puis la pose du blépharostat, ou tout système limitant les risques de contact entre l'aiguille et le bord libre de la paupière ou des cils;
  • l'instillation voire l'« irrigation» de la solution ophtalmique de povidone iodée à 5 % est réalisée sur la conjonctive. La solution de povidone iodée peut aussi, en plus, avoir été pré-instillée durant la désinfection de la peau pour permettre d'atteindre le temps de contact de 2 minutes recommandé dans le résumé des caractéristiques du produit (AMM), même si un temps de contact de 30 secondes seulement a fait l'objet d'un consensus européen;
  • le site d'injection pour l'administration IVT est situé entre les muscles droits verticaux et horizontaux au niveau de la pars plana, 3,5 à 4,0 mm en arrière du limbe. L'angle de pénétration de l'aiguille est perpendiculaire [22].
Douleur
La douleur pourrait varier selon le site d'injection. Dans un essai clinique prospectif, randomisé, 1004 yeux de 1004 patients recevant une injection de bévacizumab, majoritairement pour traiter un œdème maculaire diabétique (84,1 %), ont été répartis au hasard en quatre groupes d'injection : supérotemporal, supéronasal, inférotemporal et inféronasal. Le score de douleur ressenti était plus faible dans le quadrant supéronasal. Des scores de douleur plus élevés étaient observés chez les femmes et avec la répétition des IVT. L'âge et l'indication de l'IVT n'avaient pas d'influence [23]. Certaines études ne valident pas complètement ces résultats; elles étendent leur analyse à d'autres facteurs et montrent une plus grande douleur ressentie par les patients en cas d'anxiété, de tabagisme et de diabète. Le score de douleur diffère selon le médicament injecté : 7,32 ± 1,81 en cas d'injection de bévacizumab, 4,00 ± 2,08 pour l'aflibercept, et 3,92 ± 1,96 dans le groupe ranibizumab (P < 0,001) [24].
Une antibioprophylaxie par voie générale n'est pas indiquée. Les données récentes ne sont pas en faveur de la prescription d'une antibioprophylaxie locale car elle ne diminue pas le risque d'endophtalmie et pourrait sélectionner des germes résistants en cas d'endophtalmie [25-26-27].
L'injection bilatérale peut être proposée le même jour, sans augmentation des risques infectieux, à condition de renouveler pour chaque œil la totalité du matériel utilisé [28-29-30].
Environnement de l'injection intravitréenne
L'IVT peut être réalisée dans un cabinet médical ou en établissement de santé, soit au bloc opératoire, soit dans une salle dédiée. Cette salle répond aux caractéristiques suivantes :
  • pièce aux murs et sols lisses, non encombrée, bien éclairée, entretenue régulièrement;
  • présence d'un distributeur d'antiseptique hydroalcoolique pour l'hygiène des mains, d'une poubelle équipée pour le recueil des déchets d'activité de soins à risque infectieux et d'un collecteur à objet piquant, coupant, tranchant.
Un bionettoyage des surfaces horizontales (essuyage humide avec un détergent désinfectant) est réalisé avant le début de chaque séance d'injection.
Pendant chaque procédure d'injection, il convient de limiter les turbulences aériennes dans la salle dédiée en maintenant fenêtres et portes fermées. Les systèmes de conditionnement d'air (ventilo-convecteur, climatiseur à air pulsé, etc.), pouvant souffler sur la zone du patient ou remettre en suspension les particules de poussière, sont arrêtés. Cela ne concerne pas les systèmes de traitement d'air associant surpression, filtration et renouvellement pour délivrer une qualité d'air maîtrisée.
Compte tenu du risque de survenue de réactions anaphylactiques rares mais potentiellement graves, l'opérateur doit avoir à disposition le matériel d'urgence de réanimation.
Préparation de l'opérateur et du patient et procédure d'injection
Dans la salle d'IVT, le patient revêt une surblouse à usage unique non stérile et une charlotte.
L'opérateur est aidé par un(e) assistant(e) qui porte une blouse propre, une charlotte, un masque chirurgical. L'assistant(e) effectue une friction hydroalcoolique des mains avant de préparer la table et de servir les produits à utiliser au cours de l'IVT.
L'opérateur revêt une blouse propre, une charlotte et un masque chirurgical. Il procède à une désinfection chirurgicale de ses mains, puis met des gants chirurgicaux stériles.
Réalisation de l'injection intravitréenne
L'injection est effectuée de la façon suivante :
  • instillation de l'anesthésie topique (collyre unidose, type oxybuprocaïne ou tétracaïne). Une instillation suffit à assurer une anesthésie d'une dizaine de minutes;
  • détersion initiale de la surface de la peau péri-oculaire du patient par la povidone iodée scrub;
  • au plus près de l'acte, préparation de la table opératoire de façon aseptique : mise en place d'un champ de table stérile, d'un marqueur de la pars plana, d'un blépharostat, de coton-tige, de compresses et de cupules stériles;
  • badigeon des paupières et des cils par de la povidone iodée en solution ophtalmique à 5 %, puis instillation sur la conjonctive. Après 2 minutes de contact, rinçage avec du sérum physiologique stérile;
  • préparation de la seringue contenant le produit à injecter de façon stérile par l'opérateur au plus près de l'injection, sauf si la seringue est préparée à l'avance par une pharmacie à usage intérieur (PUI) ou existe sous forme de seringue préremplie. Changer d'aiguille pour l'injection. Actuellement, les seringues sont généralement préremplies;
  • mise en place d'un champ stérile isolant l'œil du patient, puis d'un blépharostat de façon à limiter les risques de contact entre l'aiguille et le bord libre des paupières ou des cils;
  • réalisation des injections à l'aide d'une aiguille-filtre de calibre 30 G à 32 G, ciblant le quadrant inférotemporal pour éviter l'axe visuel, ou le quadrant supéronasal qui serait moins douloureux.
L'IVT est effectuée entre 3,5 et 4 mm du limbe, avec une injection lente du produit, puis le retrait lent de l'aiguille et l'application d'un coton-tige pour éviter un reflux. Un volume de 50 μl est généralement injecté. Au-delà de 100 μl, une ponction de chambre antérieure est préconisée pour réduite l'hypertonie.
La traçabilité des produits injectés est effectuée.
Surveillance post-injection intravitréenne
  • S'assurer de la conservation d'une perception de la lumière dans l'œil injecté immédiatement après l'injection. En cas d'amaurose, réaliser une ponction de chambre antérieure (retirer 50–70 μl d'humeur aqueuse) sous microscope opératoire aussi rapidement que possible. Vérifier que le patient retrouve la vision après la ponction.
  • Effectuer une surveillance clinique du patient, compte tenu du risque de rares réactions anaphylactiques dans les minutes qui suivent l'IVT.
  • Appliquer un pansement oculaire n'est pas nécessaire.
  • Expliquer au patient que, lors de chaque manipulation de ses paupières pour instiller un collyre, il est recommandé de réaliser au préalable une désinfection des mains par lavage, ou par friction avec un produit hydroalcoolique.
  • Expliquer au patient les suites attendues et la nécessité de consulter en urgence en cas de baisse d'acuité visuelle, de douleur ou d'œil rouge dans les jours qui suivent l'injection.
  • Revoir systématiquement le patient en consultation la première semaine suivant l'IVT n'est pas nécessaire.
  • Remettre au patient la liste des numéros de téléphone à appeler en cas d'urgence : le patient doit pouvoir contacter par téléphone l'opérateur ou un autre ophtalmologiste en cas de signes ou symptômes évoquant la survenue de complications oculaires (rougeur, douleur, baisse d'acuité visuelle).
  • En cas de survenue d'une endophtalmie, faire un signalement aux structures sanitaires compétentes (centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales [CCLIN], agence régionale de santé [ARS], centre régional de pharmacovigilance [CRPV] de la région d'exercice).
Complications des injections intravitréennes
Endophtalmies
Des revues rétrospectives et des études populationnelles ont rapporté une incidence d'endophtalmie post-injection IVT allant de 0,014 % à 0,053 % [31-32-33]. Les fréquences sont plus élevées après injection de corticoïdes intravitréens qu'après celle d'agents anti-VEGF, mais il n'a pas été rapporté de différence selon les anti-VEGF injectés [ 34].
L'endophtalmie consécutive à l'injection d'anti-VEGF est liée à diverses espèces de Streptococcus , qui constituent un facteur très péjoratif en matière de pronostic fonctionnel.
Les directives de l'American Academy of Ophthalmology (AAO) ( Preferred Practice Pattern ) pour les injections IVT ont évolué au cours des dix dernières années. Des lignes directrices mises à jour pour la prophylaxie des endophtalmies après injection IVT ont été publiées en 2017 [35]. Il ressort essentiellement de ce travail que l'administration d'antibiotiques ne modifie en rien la fréquence des accidents infectieux; au contraire : ne pas utiliser d'antibiotiques semble même diminuer ce risque. Ce taux plus faible d'endophtalmie après injection IVT d'anti-VEGF sans couverture antibiotique est confirmé par le Registre IRIS ( Intelligent Research In-Sight ) portant sur plus de 2600000 injections, où les taux signalés d'endophtalmie à 15 jours, chez les patients atteints de DMLA traités par l'aflibercept, le bévacizumab et le ranibizumab étaient respectivement de 0,0059 % (1/17000), 0,0071 % (1/14000) et 0,0052 % (1/19000).
Étiologie des infections
Sur plus de 258000 IVT d'anti-VEGF, 40 patients ont développé une endophtalmie dans les 3 semaines qui ont suivi l'injection. Des résultats microbiologiques positifs ont été obtenus sur 24 des 40 prélèvements effectués (60 %); et 16 (40 %) étaient négatifs à la culture. Parmi ceux qui étaient positifs, 16 patients (66,7 %) étaient contaminés par un staphylocoque à coagulase négative, de diverses espèces de Streptococcus (n = 4, 16,7 %), Haemophilus influenzae (n = 1, 4,2 %), Erysipelothrix rhusiopathiae (n = 1, 4,2 %), Serratia marcescens (n = 1, 4,2 %) et Enterococcus faecalis (n = 1, 4,2 %). L'amélioration de la vision était moins bonne pour les patients qui avaient été contaminés par un streptocoque (4,0; écart-type 0,8) par rapport à ceux qui avaient été contaminés par un staphylocoque à coagulase négative (0,4; écart-type 0,3; p < 0,001) [ 36].
Dans une autre étude portant sur plus de 100000 injections IVT, il apparaît que les isolements de streptocoques sont environ trois fois plus fréquents après injection IVT d'anti-VEGF qu'après chirurgie intraoculaire (très majoritairement cataracte). Cela conduit l'auteur à conclure que la minimisation du risque infectieux repose sur les gestes barrières : porter un masque, éviter de parler avant, pendant et après l'injection, et bien sûr éviter tout geste invasif si l'opérateur est atteint d'un syndrome ORL [37].
Autres complications
Les autres complications les plus courantes sont la douleur oculaire, l'hémorragie sous-conjonctivale et l'élévation de la PIO. Le volume injecté doit rester inférieur à 1 % du volume du vitré afin de limiter les élévations transitoires de la PIO. La PIO après l'injection IVT peut également dépendre de facteurs tels que le volume oculaire du patient, l'épaisseur et la rigidité sclérales. De plus, si les yeux ont une longueur axiale plus courte, ils sont plus sensibles à des variations de volume et donc au risque d'augmentation de la PIO. Dans les grandes études qui ont permis l'AMM des anti-VEGF, environ 7,0 % des patients présentent au moins un épisode d'augmentation transitoire de la PIO de 6 à 8 mmHg d'environ 2 heures. Des études récentes suggèrent que la répétition des IVT peut favoriser la dégradation du champ visuel chez des patients susceptibles [38]. De plus, des hypertonies tardives persistantes surviendraient chez 2 à 13 % des patients [39].
Ces risques, habituellement transitoires, sont moins sévères que d'autres événements indésirables, certes rares, comme l'hémorragie sous-rétinienne, ou le décollement de rétine [40].
Caractéristiques de la voie intravitréenne
En 2022, on dispose des médicaments suivants avec AMM pour l'injection IVT :
  • le ranibizumab (Lucentis®), avec une AMM pour les indications ophtalmologiques;
  • l'aflibercept (Eylea®), avec une AMM pour les indications ophtalmologiques;
  • le bévacizumab (Avastin®), médicament soumis à la réserve hospitalière disposant non d'une AMM, mais d'une recommandation temporaire d'utilisation.
À noter la situation particulière du brolucizumab (Beovu®), qui dispose d'une ATU depuis début 2022, mais qui n'est pas commercialisé, faute d'être admis au remboursement (HAS, décembre 2020).
Les implants de corticoïdes Ozurdex® et Illuvien® possèdent aussi une AMM.
Environ 1,6 million d'injections intravitréennes d'anti-VEGF ont été effectuées, en France, en 2021, mais d'autres médicaments sont injectés dans le vitré en pratique courante. Ils sont listés plus loin dans ce chapitre.
Pharmacocinétique
L'administration IVT présente l'avantage évident d'atteindre des concentrations thérapeutiques immédiates dans le vitré avec un passage systémique négligeable [41]. Cependant, les concentrations tissulaires dans la rétine ou la choroïde peuvent être plus faibles que dans le vitré du fait des barrières tissulaires et des caractéristiques physicochimiques des médicaments (voir chapitre 1.3 ).
La voie IVT ne répond pas aux caractéristiques générales de la pharmacocinétique. L'absorption est immédiate et totale dans la mesure où l'injection dans le compartiment vitréen permet d'obtenir une biodisponibilité de 100 % (F = 1). La distribution est lente. Pour parvenir aux tissus choriorétiniens, les molécules du médicament ont une diffusion passive qui peut durer plusieurs heures ou davantage. Le métabolisme du médicament est limité, compte tenu de l'absence de matériel enzymatique. La clairance vitréenne des médicaments administrés par voie intraoculaire limite la durée de l'effet des médicaments et contraint à la répétition des injections. Comme pour toute autre modalité d'administration, la concentration du médicament à un certain temps (t) après l'injection dépend du volume de distribution du médicament (V d), de la dose injectée initiale (D) et de sa vitesse d'élimination (t 1/2). Par conséquent, les deux facteurs qui affectent principalement la pharmacocinétique des médicaments injectés dans le vitré sont leur distribution et leur clairance.
Distribution du médicament dans le vitré
Lors de l'administration de ranibizumab dans le vitré, la quantité de l'anti-VEGF retrouvée dans l'humeur aqueuse est 10 à 50 fois plus importante que la quantité retrouvée dans le tissu rétinien. Le transport des molécules dans le vitré se fait par deux mécanismes : les courants de diffusion et de convection, modifiés par l'état du vitré [42]. La diffusion peut être décrite par les lois de Fick et Stokes-Einstein, et les courants fluides (de convexion) par la loi de Hagen-Poiseuille [ 43]. La vitesse de diffusion d'un médicament injecté dépend principalement de son poids moléculaire (diffusion plus rapide des petites molécules) et de sa charge électrique nette (les charges positives ralentissent la diffusion). La loi de Fick Loi de Stokes-Einstein flux de diffusion, J, en termes de coefficient de diffusion, D, et le gradient de concentration de la molécule dC/dx : Stokes et Einstein Loi de Fick t le coefficient de diffusion, D, en termes de constante molaire du fluide, R, la température en degrés Kelvin, T, la viscosité du milieu, η, le rayon de la molécule diffusante, r, et le nombre d'Avogadro, N : La loi de Hagen-Poiseuille Loi de Hagen-Poiseuille écoulement des courants de fluide en termes de différence de pression ΔP, de longueur, L, et de diamètre, d, d'un canal et de viscosité du milieu, η. Les courants de diffusion et de convection sont inversement liés à la viscosité du milieu. La diffusion et les courants fluides sont plus lents dans une substance très visqueuse que dans un milieu moins visqueux. Étant donné que la vitrectomie implique le remplacement du vitré par des substances de viscosité différente, cela influence le transport des molécules dans la cavité vitréenne [ 44]. Diffusion et convection des médicaments dans le vitré sont influencées par sa liquéfaction, processus dégénératif de l'humeur vitrée associé au vieillissement. La proportion [liquide]/[gel] se modifie avec l'âge, avec une augmentation relative de la proportion de la forme [liquide] en raison de la rupture du maillage polysaccharidique. On observe alors une augmentation de la diffusion et donc de la clairance. Plus la liquéfaction du vitré est élevée, plus la diffusibilité des molécules qui s'y trouvent s'apparente à leur profil de diffusion dans l'eau [45]. De plus, la liquéfaction et la perte d'homogénéité au cours du vieillissement contribuent à une facilitation du flux de convection, mais l'importance de ce phénomène manque d'évaluation en termes pharmacocinétiques ou thérapeutiques. La vitrectomie peut modifier l'élimination du médicament injecté. Dans différentes études animales, la réduction de la demi-vie des médicaments intravitréens a été confirmée après vitrectomie, notamment pour des antibiotiques : l'amikacine, l'amphotéricine B, la céfazoline, la ceftazidime, la ciprofloxacine et la vancomycine, Quant aux protéines thérapeutiques, il ne semble pas que la vitrectomie modifie leur pharmacocinétique [ 46 , 47]. L'huile de silicone injectée peut également se comporter comme un réservoir à libération prolongée pour certains médicaments, même si beaucoup d'entre eux n'y sont pas solubles. Par conséquent, la pharmacocinétique intraoculaire dans les yeux remplis d'huile de silicone n'est pas encore bien connue, bien que certains auteurs recommandent une réduction substantielle de la dose de médicament (1/4 à 1/10 e de la dose standard) pour éviter les phénomènes de toxicité [48].
Distribution des médicaments vers les tissus environnants
Selon le type de maladie, la cible d'action peut être située dans le vitré lui-même (endophtalmie), la rétine (rétinite, dégénérescence maculaire diabétique) ou la choroïde (DMLA, néovaisseaux du fort myope ou secondaires à des pathologies inflammatoires). Des études réalisées dans des yeux de lapin ont montré que le volume de distribution est proche du volume anatomique de la chambre postérieure, ce qui implique que les tissus environnants ne contribuent pas, ou peu, au processus de distribution. Le vitré est limité par la barrière hémato-aqueuse (BHA) antérieure, la membrane limitante interne qui est un filtre moléculaire pour les molécules de 40 à 50 kDa, et la barrière hématorétinienne (BHR) postérieure, qui comprend notamment la membrane limitante externe et l'épithélium pigmentaire (EP). La BHR permet la perméation des seules petites molécules. De même, l'EP est une couche cellulaire serrée entre les photorécepteurs et la choroïde, dont la perméabilité dépend de la taille et de la lipophilie de la molécule. Quand le médicament administré atteint la choroïde, la diffusion du médicament est assez rapide, en raison de la plus grande perméabilité de la choroïde, avant que le médicament ne soit « éliminé» dans la circulation sanguine. Le métabolisme des médicaments dans le vitré dépend de la présence d'enzymes telles que les estérases ou les peptidases, ce qui a été exploité pour le développement de promédicaments, comme les esters de ganciclovir (promédicaments sans activité pharmacologique) qui sont biotransformés en ganciclovir (médicament à activité pharmacologique) une fois injectés dans le vitré [49].
Voies d'élimination
Le médicament est éliminé :
  • soit par voie antérieure : le médicament diffuse du vitré vers l'humeur aqueuse, les flux trabéculaire et uvéoscléral. Ce mécanisme est prédominant pour les protéines thérapeutiques;
  • soit par voie postérieure, qui permet aux molécules médicamenteuses de faible poids moléculaire, lipophiles, de traverser les barrières tissulaires [50]. La voie postérieure offre un bon passage aux molécules comme la céfazoline, la ticarcilline, la clindamycine, la dexaméthasone avec une demi-vie de quelques heures, alors que pour les protéines thérapeutiques, la demi-vie est plus longue, de 24 heures à plusieurs jours (fig. 13-1
    Fig. 13-1
    Voies d'élimination d'un principe actif injecté dans la cavité vitréenne.
    Représentation schématique des voies d'élimination : par voie postérieure, transrétinienne, pour les molécules de haut poids moléculaire et/ou faiblement chargées (en rouge); par voie antérieure à travers les voies d'élimination de l'humeur aqueuse pour les molécules de petit poids moléculaire et/ou fortement chargées (en bleu).
    Source : Cyrille Martinet.
    et tableau 13-1,
    Tableau 13-1
    Comparaison des voies antérieure et postérieure d'élimination des médicaments du vitré.
    Caractéristiques Voie antérieure Voie postérieure
    Tissu impliqué Barrière hémato-aqueuse Barrières hématorétiniennes (vaisseaux, MLI, rétine, MLE, EPR)
    Voie d'élimination Flux → humeur aqueuse Flux → choroïde
    Caractéristiques des molécules Hydrophile Lipophile
    Haut poids moléculaire Petit poids moléculaire
    tableau 13-2
    Tableau 13-2
    Caractéristiques pharmacocinétiques de différents médicaments administrés par voie intravitréenne.
    Famille thérapeutique Médicament Demi-vie Temps de résidence moyen Cmax (μg/ml)
    Anti-inflammatoires non stéroïdiens Kétorolac 4,3 h 6,16 h 175
    Diclofénac 2,05 h 2,95 h 65
    Antibiotiques Pénicillines 10–20 h 5–25 h 1000–5000
    Céphalosporines 5–15 h 5–30 h 1000–2250
    Tétracyclines 10–20 h 125–400
    Fluoroquinolones 3,5–5,5 h 0,25–5 h 100–500
    Monobactams 7,5 h 1000
    Carbapénems 2,5–10 h 50–100
    Macrolides 40–60 h 100-200
    Anticorps anti-VEGF Bévacizumab 4,32 (lapin)
    6,7 jours chez l'homme
    5,92 h 400
    Ranibizumab 2,88 jours chez le lapin,
    7,9 jours chez l'homme
    4,03 h 162
    Aflibercept (115 KD) 9–11 jours
    Brolucizumab (26 KD) 4–5 jours
    ).
Les anti-VEGF sont injectés à des intervalles de 1 à 2 mois et ont des demi-vies intravitréennes de l'ordre de 6 à 8 jours chez le singe ou chez l'homme. Des modèles mathématiques complexes ont été effectués autour des estimations pharmacodynamiques selon la perméabilité de la limitante interne ou de l'épithélium pigmentaire à ces molécules; en réalité, ce point reste incertain. Le fait que le bévacizumab soit efficace pour réduire l'œdème maculaire de la DMLA suggère que la molécule puisse atteindre sa cible, c'est-à-dire la choroïde [51]. Mais aucune étude n'a pu faire cette démonstration chez l'homme. Contrairement aux voies péri-oculaires, la voie intravitréenne est une voie locale vraie car les concentrations de médicaments passant dans la circulation générale sont très faibles [52]. Ainsi, après une injection de 4 mg de triamcinolone dans le vitré de lapin, la concentration vitréenne est de l'ordre de 3 mg/ml, soit 100 fois supérieure à celle qui est mesurée après une injection sous-ténonienne d'une dose 10 fois supérieure (40 mg). Les concentrations décroissent jusqu'au 90 e jour [53]. Chez l'homme, la concentration vitréenne après injection IVT est significativement supérieure à celle qui est mesurée après injection sous-ténonienne [ 54]. Pour les médicaments anti-VEGF, qui sont éliminés à 90 % par voie antérieure, les concentrations systémiques, variables selon le poids moléculaire des différentes molécules peuvent réduire les taux de VEGF circulants, ce qui devrait être pris en compte chez des patients diabétiques ou atteints de pathologies cardiovasculaires sous-jacentes [55]. Il faut toutefois reconnaître qu'aucune étude n'a été conçue pour démontrer l'intérêt de cette observation dans un contexte clinique [ 56].
Amélioration des performances pharmacocinétiques
Plusieurs méthodes ont été utilisées pour prolonger le temps de séjour des principes actifs dans le vitré.
Pégylation des protéines
La conjugaison-éthoxylation, au moyen de molécules de polyéthylène glycol de différentes tailles, d'une molécule médicamenteuse, un acide nucléique (comme un aptamère type pegaptanib, Macugen® – retiré du marché en 2011) ou une molécule de nature protéique [57], permet d'augmenter le poids moléculaire, de réduire la dégradation enzymatique et de minimiser son allergénicité, assurant ainsi une meilleure tolérance et une optimisation de sa demi-vie [58].
Agrégats insolubles
La formation d'agrégats ou de cristaux solides après la mise en solution de molécules médicamenteuses très hydrophobes conduit à un système qui ralentit la solubilisation du principe actif, ce qui lui assure une « libération» très lente; c'est le cas de l'acétonide de triamcinolone. Un des risques observés est que les agrégats ou cristaux en contact avec les tissus proches les exposent à un dépassement des seuils de concentrations toxiques à l'endroit où ces agrégats peuvent se déposer [59].
Conjugaisons protéiques
Pour ce qui concerne les protéines, le couplage avec une immunoglobuline (Ig) permet également d'augmenter le poids moléculaire et la stabilité du complexe, comme c'est le cas pour l'aflibercept, molécule chimérique qui résulte du couplage de fragments des récepteurs solubles au VEGF à une IgG [60]. La demi-vie vitréenne de l'aflibercept est ainsi de 3 à 4 jours alors que celle du ranibizumab est de 2 à 3 jours [ 61].
Dispositifs médicaux utilisés pour les injections intravitréennes
Seringue préremplie
Les seringues préremplies contiennent la dose de médicament à injecter. Les bulles sont expulsées avec l'excès de médicament et la dose est ajustée en alignant le piston sur la graduation de dose. Le piston est poussé délicatement jusqu'à ce que le plateau de base de sa butée soit aligné avec la graduation correspondant à la dose (0,05 ml) (fig. 13-2
Fig. 13-2
Schéma de seringue préremplie.
Source : Cyrille Martinet.
). Les seringues préremplies en verre qui ne nécessitent pas de siliconisation permettent de réduire la population particulaire, et renforcent également la stabilité des produits biologiques sensibles à l'huile de silicone. Ce type de système comprend un cylindre en verre non siliconé et un bouchon recouvert d'une couche « barrière» en polymère, par exemple le PTFE (poly-tétrafluoroéthylène), ce qui assure la lubrification nécessaire. Bien que les seringues préremplies mises sur le marché (médicaments anti-VEGF) ne soient qu'en verre de type I, de nombreuses injections IVT de médicaments ne disposant pas d'AMM pour la voie IVT (antibiotiques, antifongiques, anti-inflammatoires, par exemple) sont administrées avec des seringues en plastique. Les seringues préremplies réduisent les risques infectieux en limitant les manipulations et le transfert du médicament.
Seringues «simples»
Les seringues sont généralement constituées de matériaux tels que le polypropylène, le polycarbonate ou le verre borosilicaté (70 à 80 % de silice, SiO 2 et 7 à 13 % d'anhydride borique). Les seringues couramment utilisées pour les injections IVT sont les seringues luer-lock et slip-luer de 1 ml. En règle générale, les seringues et les aiguilles sont présentées séparément. Les résumé des caractéristiques du produit (RCP) des médicaments destinés à être injectés par voie vitréenne ne mentionnent pas la nature de la seringue à utiliser (contrairement à l'aiguille), en dehors de la mention de l'utilisation d'une seringue de haute précision dans le cas de l'utilisation chez un prématuré, même si la Haute autorité de santé (HAS) ne reconnaît pas cette indication.
Flacons de médicaments injectables
Le capuchon en plastique du flacon de produit médicamenteux est retiré et le dessus du flacon est essuyé au moyen d'une lingette imbibée d'un antiseptique. Une aiguille filtrante (par exemple calibre 19 × 1½ in., 5 μm) est fixée à une seringue et la solution est aspirée de manière aseptique dans la seringue à partir du flacon. L'aiguille-filtre est remplacée par l'aiguille qui sera utilisée pour l'injection IVT (par exemple 30 G × ½-in.). La présentation en flacons des médicamenteux pour IVT présente un « trop-plein» (volume excédentaire) qui tient compte des pertes de volume lors de la préparation de la dose [ 62]. La dose appropriée pour l'administration est généralement 0,050 ml, soit 50 μl chez l'adulte, et 0,020 ml, soit 20 μl chez l'enfant. Le volume maximal sans ponction préalable de vitré est de 100 μl (tableau 13-3
Tableau 13-3
Excédents de volume de médicament dans les flacons et seringues de ranibizumab et d'aflibercept.
Ranibizumab (Lucentis®)Aflibercept (Eylea®)
Volumes disponiblesVolume utiliséVolumes disponiblesVolume utilisé
Volume du médicament contenu dans une seringue préremplie0,165 ml 0,05 ml 0,09 ml 0,05 ml
Volume du médicament contenu dans un flacon injectable0,230 ml RCP imprécis : « Chaque flacon contient un volume extractible d'au moins 0,1 ml»
).
Principaux médicaments administrés par voie intravitréenne
Corticoïdes
Les corticoïdes sont des médicaments largement utilisés en ophtalmologie pour traiter diverses maladies inflammatoires, parmi lesquelles des maladies de l'uvée et de la rétine. Au cours des trois dernières décennies, de nombreuses recherches ont été menées pour évaluer les indications de divers types de stéroïdes dans les maladies vitréorétiniennes. Au-delà de leur efficacité, l'un des enjeux les plus importants pour l'utilisation des corticoïdes est d'en définir les limites en termes de toxicité directe ou indirecte sur les tissus oculaires.
Les corticoïdes sont le traitement de référence des uvéites non infectieuses. Leur administration dans le vitré a été développée pour maximiser la concentration du médicament au contact du tissu cible oculaire sur une période définie et minimiser les effets indésirables systémiques [63]. Les corticoïdes sont aussi indiqués en IVT dans le traitement des œdèmes maculaires diabétiques, secondaires aux occlusions veineuses et au syndrome d'Irvine Gass. Leur administration est cependant associée à un risque accru de cataracte, d'hypertension oculaire, de glaucome et de complications liées à l'injection. Malgré ces effets secondaires, communs à toutes les voies d'administration, la voie IVT offre l'avantage irremplaçable de l'épargne systémique et des effets secondaires qui y sont associés, et évite le freinage de l'axe hypothalamo-hypophysaire.
Dexaméthasone
La dexaméthasone présente une puissante activité anti-inflammatoire et immunosuppressive. Il a été démontré que la dexaméthasone permettait de supprimer l'inflammation en inhibant l'œdème, les dépôts de fibrine, les fuites capillaires et la migration phagocytaire de la réponse inflammatoire (voir chapitre 16.2 ). C'est majoritairement sous la forme d'un implant (Ozurdex®) que la dexaméthasone est administrée dans le vitré (voir chapitres 12 et 16.3). L'évaluation de la toxicité rétinienne de doses intravitréennes allant de 440 à 4000 μg de dexaméthasone dans les yeux de lapins est plutôt rassurante, même si on peut observer, dès la dose de 440 μg, une activation pathologique des cellules de Müller [64] qui se normalise au bout de 2 jours. Après l'injection de 800 μg de dexaméthasone, on observe une réduction du nombre de cellules rétiniennes. Ces études expérimentales ont servi de base à la définition du profil d'innocuité de la dexaméthasone chez l'homme.
Acétonide de triamcinolone
On dispose dans le commerce d'une suspension injectable pour usage intramusculaire ou intra-articulaire uniquement, non approuvée pour un usage intraveineux ou intraoculaire. L'acétonide de triamcinolone est un sel qui présente une forte affinité pour les récepteurs glucocorticoïdes. En interférant avec la cascade inflammatoire, l'acétonide de triamcinolone peut induire la régression de l'exsudation caractéristique des maladies rétiniennes inflammatoires et non inflammatoires. Outre l'injection IVT, il est en pratique administré par les voies suivantes : péribulbaire, sous-ténonienne, sous-conjonctivale, rétrobulbaire et suprachoroïdienne. Il agit principalement en réduisant l'expression des molécules d'adhésion endothéliales [ 65], tout en présentant également un effet angiostatique et vasoconstricteur. Cependant, le fait qu'il n'ait pas été spécifiquement développé pour une utilisation en ophtalmologie, et le nombre élevé de signalements de toxicité [ 66] font de l'acétonide de triamcinolone un choix de deuxième ou troisième intention. Alors que certaines études ont montré que l'administration de 4, 16, 20 et 30 mg d'acétonide de triamcinolone n'avait pas de conséquences histologiques ou électrorétinographiques délétères sur la rétine après 7 mois, d'autres auteurs avec des doses croissantes de 0,5 à 20 mg d'acétonide de triamcinolone en suspension, sans conservateur, ont retrouvé, dès la dose de 4 mg, des lésions rétiniennes importantes localisées au niveau de l'épithélium pigmentaire [67]. Des études comparatives entre les différents corticoïdes et les excipients ont montré que ce sont les glucocorticoïdes les plus hydrophobes qui sont les plus toxiques sur les cellules de l'épithélium pigmentaire et sur les cellules gliales de Müller [68]. Seules quelques études ont évalué la toxicité sous-rétinienne de l'acétonide de triamcinolone, y compris en cas d'« accident chirurgical», sans pouvoir conclure. Il n'est, bien sûr, pas impossible que les excipients présents dans ce type de préparation pharmaceutique, conçu pour une injection dans un autre site anatomique que l'œil, puissent exercer par eux-mêmes une action toxique sur les tissus du segment postérieur. Les deux complications les plus fréquentes sont la cataracte et le glaucome, qui surviennent respectivement dans environ 40 % et 30 % des cas [69]. Des cas d'endophtalmie aseptique mais aussi d'endophtalmie infectieuse (bactérienne et fongique) et de nécrose rétinienne aiguë ont été décrits après injection IVT de triamcinolone. Les signes inflammatoires larvés peuvent retarder le diagnostic et la mise en route d'un traitement adapté. Il faut y penser en cas de réaction paradoxale après injection d'acétonide de triamcinolone. Dans le cadre de la mise sur le marché de spécialités de triamcinolone (Triesence®, Xipere®), évaluées aux États-Unis, pour injection IVT, on dispose d'études pharmacocinétiques. À la suite d'une administration IVT unique, les pics de concentration de triamcinolone dans l'humeur aqueuse (site d'élimination), après injection de l'une de ces spécialités, varient de 2151 à 7202 ng/ml, la demi-vie est de 76 à 635 heures et l'aire sous la courbe (ASC) des concentrations de 231 à 1911 ng. ml –1 .h. Dans des yeux non vitrectomisés, la demi-vie d'élimination moyenne est de 18,7 ± 5,7 jours. Les concentrations de triamcinolone dans le plasma sont, au 7 e jour, non quantifiables. La France ne dispose pas, contrairement aux États-Unis et à divers pays européens, de suspensions injectables d'acétonide de triamcinolone, spécifiquement préparées et approuvées pour une utilisation intraoculaire. La commercialisation d'une spécialité voisine, Trivaris® (Allergan), solution à 80 mg/ml, a été arrêtée en 2016. L'intérêt de ces formulations d'acétonide de triamcinolone dédiées à l'ophtalmologie est l'absence d'excipients toxiques et une calibration de la taille des cristaux qui permettrait de mieux en contrôler la pharmacocinétique. Cependant, quand la taille des cristaux se réduit, la durabilité de l'effet se réduit également, limitant l'intérêt de ces formulations.
Antibiotiques
L'administration intravitréenne permet de s'affranchir des barrières pariétales et hémato-oculaires en délivrant directement et immédiatement les antibiotiques à concentration efficace dans le vitré, ce qui en fait la voie d'administration de choix dans le traitement antibiotique d'urgence des infections intraoculaires [ 70]. L'endophtalmie postopératoire après chirurgie de la cataracte est la principale indication de l'injection IVT d'antibiotiques, même si, dans de nombreux cas, il n'y a pas eu d'isolement de micro-organisme et donc d'antibiogramme permettant de répondre de manière ciblée à l'infection. L'endophtalmie à Streptococcus pneumoniae est cliniquement la plus sévère, la plus difficile à traiter, et présente un risque élevé de perte fonctionnelle à court terme, d'éviscération ou d'énucléation. Une autre indication importante est l'uvéite virale du segment postérieur qui est généralement traitée par des injections systémiques ou IVT d'aciclovir, de valaciclovir et de ganciclovir. Chaque médicament anti-infectieux injecté par voie IVT peut potentiellement présenter une toxicité rétinienne.
Certains auteurs ont proposé une table comparative des doses tolérées de quelques-uns des médicaments susceptibles d'être administrés par voie intravitréenne (tableau 13-4
Tableau 13-4
Posologie des antibiotiques en ophtalmologie, selon la voie d'administration.
MédicamentVoie topiqueVoie sous-conjonctivaleVoie intravitréenne
Amikacine10 mg/ml 25 mg 400 μg
Céfazoline50 mg/ml 100 mg 2250 μg
Ceftazidime50 mg/ml 100 mg 2000 μg
Ceftriaxone50 mg/ml
Clindamycine50 mg/ml 15–50 mg 1000 μg
Gentamicine8–15 mg/ml 10–20 mg 100–200 μg
Imipénem5 mg/ml
Pénicilline G100000 UI/ml 0,5-1 × 10 6 UI 300 UI
Pipéracilline12,5 ng/ml 100 mg
Tobramycine8–15 mg/ml 10–20 mg
Vancomycine20–25 mg/ml 25 mg 1000 μg
).
Aminosides
L'amikacine a été l'un des médicaments les plus couramment utilisés dans le traitement des endophtalmies. On sait aujourd'hui que les aminosides (ou aminoglycosides) présentent un risque neurotoxique élevé qui s'exerce également sur la rétine. Des études in vitro sur des rétines isolées montrent à l'électrorétinographie que l'onde b est réduite en amplitude en présence d'une faible dose (1 mg/ml) de gentamicine et abolie à forte dose (10 mg/ml) [ 71]. Des études comparables, in vivo, montrent que l'administration intraoculaire de gentamicine élimine l'onde b et réduit l'amplitude de l'onde c. L'histopathologie confirme une dégradation diffuse des différentes structures. De la même manière, pour l'amikacine, une étude chez l'animal a révélé une toxicité rétinienne se manifestant par la présence de macrophages dans l'espace sous-rétinien, une désorganisation des segments extérieurs et de l'épithélium pigmentaire, et des discontinuités dans la membrane de Bruch après répétition d'une injection IVT de 400 μg d'amikacine [72]. L'évaluation comparative de la toxicité des aminosides (tobramycine, amikacine, nétilmicine et kanamycine) après injection IVT chez le lapin à des doses allant de 100 à 3000 μg confirme la toxicité de chacun de ces antibiotiques pour la rétine. Cependant, une certaine gradation dans les manifestations toxiques permet de définir un ordre de dangerosité (du plus toxique au moins toxique) : gentamicine > nétilmicine = tobramycine > amikacine = kanamycine [73]. Toutes ces démonstrations ont conduit les ophtalmologistes à rechercher d'autres antibiotiques pouvant cibler les bactéries à Gram négatif (BGN) pour les injections IVT. Actuellement, l'injection IVT d'aminosides garde de rares indications, principalement en cas d'infection à germes à Gram négatif résistants aux céphalosporines et chez les patients allergiques aux céphalosporines. Habituellement, l'amikacine est utilisée en injection IVT à la dose de 0,4 mg/0,1 ml et il est conseillé de placer le patient en position assise immédiatement après l'injection pour limiter la sédimentation des aminosides sur l'aire maculaire.
Céphalosporines
Les céphalosporines de 3 e génération disposent du spectre d'action des céphalosporines de 1 re et 2 e génération (Gram positif), étendu aux BGN. Les céphalosporines agissent sur les bactéries comme toutes les β-lactamines en inhibant l'élaboration de la paroi bactérienne par interférence avec la synthèse du peptidoglycane. La ceftazidime est bactéricide contre la majorité des BGN, incluant Pseudomonas aeruginosa (bacille pyocyanique); elle est donc apparue comme une bonne alternative aux aminosides pour le traitement des endophtalmies à BGN. Après injection IVT à des primates, la demi-vie de la ceftazidime est respectivement de 20,4 heures dans des yeux non opérés, 5,2 heures dans des yeux vitrectomisés et 3,1 heures dans des yeux « siliconés». Les concentrations maximales d'humeur aqueuse de ceftazidime sont respectivement de 64,6–260,0 et 1176,3 μg/ml dans des yeux non opérés, des yeux vitrectomisés et des yeux siliconés [ 74]. Toujours chez le singe, aucune toxicité à la dose couramment utilisée de 2,25 mg de ceftazidime n'a été montrée. D'autres travaux ont montré que la ceftazidime était bien tolérée par la rétine de lapins vitrectomisés [ 75]. Cependant, elle pourrait être relativement plus toxique si l'œil est siliconé. Sur la base de ces données, on utilise la ceftazidime par voie intravitréenne à des doses allant jusqu'à 2,25 mg pour le traitement des endophtalmies (tableau 13-5
Tableau 13-5
Modalités de préparation des antibiotiques pour injection intravitréenne (IVT).
Modalités de préparation des antibiotiques pour IVT VancomycineCeftazidimeAmikacine
Spécialité utiliséeVancocin®Fortum®Amiklin®
Préparation injectée en IVT après ponction de vitré à visée bactériologique et hypotonisante Concentration finale1 mg/1 ml 20 mg/1 ml 5 mg/1 ml
Volume injecté en IVT100 μl 100 μl 80 μl
Quantité totale d'antibiotique injectée1 mg 1 mg 0,4 mg
Dilution1 fl. de 500 mg dans 50 ml de NaCl 0,9 % 1 fl. de 1000 mg dans 50 ml de NaCl 0,9 % 1 fl. de 250 mg dans 50 ml de NaCl 0,9 %
Préparation injectée en IVT sans ponction de vitré à visée bactériologique et hypotonisante Concentration finale2 mg/1 ml 40 mg/1 ml 10 mg/1 ml
Volume injecté en IVT50 μl 50 μl 40 μl
Quantité totale d'antibiotique injectée1 mg 2 mg 0,4 mg
Dilution1 fl. de 500 mg dans 25 ml de NaCl 0,9 % 1 fl. de 1000 mg dans 25 ml de NaCl 0,9 % 1 fl. de 250 mg dans 25 ml de NaCl 0,9 %
).
Vancomycine
La vancomycine reste l'antibiotique de choix dans le traitement d'une majorité d'endophtalmies, ciblant les micro-organismes à Gram positif hautement pathogènes, comme les streptocoques et les staphylocoques. Le pneumocoque, S. pneumoniae , est habituellement sensible à la vancomycine, à la pénicilline, à la ceftriaxone et aux fluoroquinolones. Dans les pays occidentaux, la plupart des séries de cas signalent une susceptibilité de 100 % à la vancomycine. Cependant, en Inde, certains isolats de S. pneumoniae ont montré une résistance à la vancomycine. Bien que les fluoroquinolones, telles que la lévofloxacine et la moxifloxacine, soient largement utilisées dans le traitement ou la prophylaxie de l'endophtalmie, certaines souches de S. pneumoniae sont résistantes à ces traitements. La vancomycine doit donc être considérée comme l'antibiotique intravitréen de première ligne dans le traitement de l'endophtalmie à S. pneumoniae . La vancomycine est administrée par voie intravitréenne à la dose de 1 mg dans 0,1 ml. Compte tenu de son élimination assez rapide, il est conseillé, dans les ophtalmies, de réitérer les injections IVT toutes les 48 heures. Des études animales in vivo n'ont montré aucun effet toxique de cet antibiotique [76], sauf dans un œil siliconé. Après injection IVT à des primates, la demi-vie de la vancomycine dans l'humeur aqueuse des yeux normaux, vitrectomisés et remplis d'huile de silicone est respectivement de 29,4, 21,1 et 6,8 heures. Les concentrations maximales d'humeur aqueuse de vancomycine des yeux vitrectomisés et remplis d'huile de silicone sont de 151,4, 205,6 et 543,5 μg/ml, respectivement, largement au-delà des concentrations bactéricides à l'égard des Cocci à Gram positif.
Quinolones
La toxicité oculaire des quinolones a été étudiée lors de l'antibioprophylaxie en chirurgie oculaire. En ce qui concerne l'utilisation intravitréenne, la ciprofloxacine n'a pas été associée à une toxicité aux niveaux thérapeutiques de 100 à 500 μg chez les lapins, et des lésions rétiniennes importantes n'ont été observées qu'à la dose de 2 mg [77]. Les quinolones de 4 e génération, moxifloxacine et gatifloxacine, peuvent être utiles en clinique. L'expérience clinique dans les études de toxicité rétinienne a révélé que la dose recommandée pour l'injection intracamérulaire de ciprofloxacine est inférieure à 25 μg. Chez l'homme, les injections IVT de ciprofloxacine 100 μg, d'ofloxacine 50 μg/ml, de trovafloxacine 25 μg, de moxifloxacine 160 μg/0,1 ml et de péfloxacine 200 μg/0,1 ml sont considérées comme non toxiques pour la rétine [78].
Antifongiques
Les infections fongiques peuvent provoquer une endophtalmie grave et de mauvais pronostic [79]. Rares après chirurgie ou IVT, elles succèdent plus souvent à des traumatismes ou se produisent sur des terrains immunodéprimés.
Les endophtalmies à Candida ont démontré une sensibilité à l'amphotéricine B intravitréenne, au fluconazole oral et au voriconazole (oral ou intravitréen); cependant, les concentrations d'amphotéricine B par voie intraveineuse n'atteignent pas les concentrations thérapeutiques souhaitables dans le vitré. Le voriconazole s'est révélé supérieur au fluconazole à l'égard de C. glabrata et C. krusei . Pour les souches résistantes aux azolés, il est recommandé d'utiliser l'amphotéricine B liposomale 3 à 5 mg/kg par voie intraveineuse quotidiennement, avec ou sans flucytosine orale 25 mg/kg 4 fois par jour. L'administration d'antifongiques dans la cavité vitréenne peut compléter une administration systémique. Il est possible d'effectuer une injection IVT d'amphotéricine 5 à 10 μg/0,1 ml ou de voriconazole 100 μg/0,1 ml tous les 3 jours [80].
En ce qui concerne l'endophtalmie à Aspergillus , on recommande le voriconazole par voie orale ou intraveineuse, avec une injection IVT de voriconazole ou d'amphotéricine B/désoxycholate (Fungizone®). En réalité, ces recommandations américaines pourraient laisser place à une recommandation mettant en jeu une formulation liposomale d'amphotéricine B (Ambisome®). L'utilisation d'une suspension liposomale d'amphotéricine B qui permet de ne pas exposer la choriorétine au désoxycholate de sodium, doué de propriétés détergentes délétères, renforce la tolérance de l'antifongique, y compris après injections multiples [81]. L'amphotéricine B a été traditionnellement utilisée pour le traitement soit par voie systémique, soit par voie intravitréenne, généralement injectée à des doses variant de 1 à 50 μg. Dans une étude portant sur l'application de doses croissantes de 10, 20, 30 à 50 μg, les trois doses supérieures d'amphotéricine B sont associées à divers degrés de toxicité rétinienne. L'injection IVT d'amphotéricine B à la dose de 5 ou 10 μg reste une option thérapeutique appropriée pour les patients atteints de mycoses sévères comme l'endophtalmie à Aspergillus ou à Candida (fig. 13-3
Fig. 13-3
Algorithme de prise en charge médicale des endophtalmies fongiques.
D'après Haseeb AA, et al. Fungal endophthalmitis : a comprehensive review. J Fungi (Basel) 2021; 7(11) : 996.
et tableau 13-6
Tableau 13-6
Options pour le traitement des endophtalmies fongiques.
Fluconazole systémique800 mg (12 mg/kg) puis 400–800 mg (6–12 mg/kg) par jour
Voriconazole systémique400 mg (6 mg/kg) par voie IV 2 fois par jour pour 2 prises, puis 300 mg (4 mg/kg) par voie IV ou PO 2 fois par jour
Amphotéricine liposomale B 3 à 5 mg/kg par jour par voie IV, avec ou sans flucytosine PO 25 mg/kg 4 fois par jour
Amphotéricine B Intravitréenne 5–10 μg/0,1 ml
Voriconazole intravitréen100 μg/0,1 ml
).
Une alternative à l'amphotéricine B est l'utilisation du fluconazole. Une étude in vitro n'a montré aucune toxicité lors d'une exposition à 20 μg/ml de fluconazole. Une seule injection IVT de fluconazole à une concentration de 100 g/ml a provoqué des modifications rétiniennes traduisant une toxicité avec désorganisation des segments externes des photorécepteurs. En clinique, l'injection IVT de fluconazole (10 μg/0,1 ml) peut être considérée comme sûre.
Les dérivés azolés, dont le voriconazole et le posaconazole, ont montré, tant dans les études de laboratoire que dans l'expérience clinique, de très bons profils de sécurité. Ils présentent peu d'effets secondaires. Le voriconazole ne provoque pas de dommage rétinien. L'électrorétinogramme (ERG) ou les études histologiques sont rassurants lorsque la concentration intravitréenne est de 25 μg/ml. Néanmoins, lorsque la concentration de voriconazole atteint 50 électrorétinogramme g/ml, des foyers de nécrose rétinienne sont observés, mais sans changement de l'ERG. Sur une endophtalmie fongique documentée en culture, le voriconazole, administré à raison de 50 μg/0,1 ml, soit une concentration finale de 12,50 μg/ml dans le volume vitréen, permet de juguler l'infection. Aucun signe de toxicité rétinienne n'est observé : un succès anatomoclinique est enregistré dans 60 % des cas, et 60 % des patients ont une acuité visuelle finale permettant, au moins, de compter les doigts [82].
Antiviraux
Les rétinites et uvéites virales peuvent nécessiter le recours à un traitement antiviral intravitréen. Les virus rencontrés sont le virus de l'herpès simplex HSV-1 (cause la plus fréquente de nécrose rétinienne aiguë avec encéphalite à HSV) et HSV-2, le virus varicelle zona (VZV), le virus d'Epstein-Barr (EBV), également connu sous le nom de HHV-4 (herpès virus humain 4), le cytomégalovirus (CMV) ou HHV-5 [ 83].
Les antiviraux sont le pilier du traitement des atteintes virales du segment postérieur. La prescription d'un antiviral per os à la suite d'une perfusion (dose de charge) est la norme. Toutefois, l'administration par injections IVT est justifiée en cas de rétinite sévère ou d'échec de traitement antiviral systémique, lié ou non à une immunosuppression.
Le pilier du traitement de la rétinite à CMV est le traitement de l'immunodéficience. Dans le contexte du VIH/sida, l'initiation de la multithérapie ou la vérification de la résistance aux antiviraux si le nombre de CD4 + est faible malgré la multithérapie est un aspect de la prise en charge. Chez les patients immunodéprimés iatrogènes, l'immunosuppression doit être minimisée, autant que possible. Étant donné que la rétinite à CMV se rencontre principalement chez les patients atteints de sida, l'utilisation de la multithérapie pour traiter l'infection par le VIH réduit la progression de la rétinite à CMV et l'incidence de la perte visuelle subséquente. Le traitement anti-CMV peut être interrompu chez les patients présentant une récupération immunitaire soutenue jusqu'à une numération de CD4 + ≥ 100 cellules/μl.
Les antiviraux tels que le ganciclovir, le valganciclovir, le cidofovir et le foscarnet sont utilisés dans le traitement de la rétinite à CMV, car ces antiviraux inhibent de manière compétitive la polymérase de l'ADN du CMV. Dans la mesure où la rétinite à CMV est la manifestation d'une maladie systémique, le traitement antiviral doit d'abord être administré par voie systémique. Des études relatives aux complications oculaires du sida ont démontré que la mortalité était significativement augmentée chez les patients atteints de rétinite à CMV, si la rétinite à CMV est traitée seulement localement par des injections IVT.
Ganciclovir
Le ganciclovir est un analogue synthétique de la 2′-désoxyguanosine, qui inhibe la réplication des herpès virus tant in vitro qu'in vivo. Les virus humains sensibles incluent le CMV, les HSV-1 et HSV-2, les HHV-6, HHV-7, HHV-8, l'EBV, le VZV et le virus de l'hépatite B. Les études cliniques ont été limitées à l'évaluation de l'efficacité chez des patients atteints d'une infection à CMV. Dans les cellules infectées par le CMV, le ganciclovir est initialement phosphorylé en ganciclovir monophosphate par la protéine kinase virale UL97. Une phosphorylation ultérieure sous l'effet de plusieurs kinases cellulaires produit du ganciclovir triphosphate, qui subit ensuite un métabolisme intracellulaire lent. Ce mécanisme a été mis en évidence dans des cellules infectées par HSV et CMV, avec des demi-vies respectives de 18 et 6-24 heures après l'élimination du ganciclovir extracellulaire. Comme la phosphorylation est largement dépendante de la kinase virale, la phosphorylation du ganciclovir se produit préférentiellement dans les cellules infectées par le virus. L'activité virostatique du ganciclovir résulte de l'inhibition de la synthèse de l'ADN viral, d'une part, par inhibition compétitive de l'incorporation par l'ADN polymérase du désoxyguanosine-triphosphate dans l'ADN et, d'autre part, par incorporation de ganciclovir triphosphate dans l'ADN viral, provoquant l'arrêt ou le ralentissement drastique de l'élongation de l'ADN viral. Le ganciclovir est couramment utilisé dans le traitement antiviral de l'infection à CMV. Des doses de ganciclovir jusqu'à 200 μg/0,1 ml semblent être sans danger pour des injections IVT réitérées dans les yeux de lapin après une vitrectomie et l'insertion d'huile de silicone. En clinique, le ganciclovir intravitréen 2 à 4 mg/0,1 ml est habituellement efficace dans le traitement de la rétinite herpétique nécrosante chez les patients immunocompétents, et dans la rétinite à CMV en cas d'immunodéficience. Dans les yeux non vitrectomisés, le ganciclovir à des doses de 1300 μg induit des lésions rétiniennes sévères; à une dose plus faible de 200 μg, il ne cause que des dommages fonctionnels mineurs caractérisés par des changements dans l'onde b de l'ERG chez le lapin [ 84]. Semblable à d'autres types d'anti-infectieux, le ganciclovir induit également des cas sporadiques d'infarctus maculaire. Le ganciclovir a été administré de manière réitérée en intravitréennes à des doses variant de 400 μg à 5 mg [85].
Foscarnet
Le foscarnet est un dérivé antiviral de l'acide phosphonique utilisé pour traiter les infections à virus de l'herpès, y compris le CMV et le virus de l'herpès simplex de types HSV-1 et HSV-2. C'est un agent antiviral à large spectre qui inhibe in vitro, à des concentrations n'affectant pas la croissance cellulaire normale, tous les virus humains connus du groupe herpès (HSV-1 et HSV-2, HSV-6, VZV, EBV et CMV) et certains rétrovirus, y compris le VIH. Le foscarnet inhibe également in vitro l'ADN polymérase virale du virus de l'hépatite B. Il exerce son activité antivirale par inhibition directe de l'ADN polymérase virale spécifique et de la transcriptase inverse à des concentrations qui n'affectent pas les ADN polymérases cellulaires. Le foscarnet ne nécessite pas d'activation (phosphorylation) par la thymidine kinase (TK) ou d'autres kinases. Il est habituellement utilisé par voie intraveineuse, mais on dispose de quelques rapports relatifs à l'injection IVT dans le traitement de la rétinite à CMV. Le foscarnet intravitréen 2,4 mg/0,1 ml a été utilisé avec succès pour traiter les rétinites nécrosantes à HSV et VZV. Des corticoïdes topiques ou intravitréens peuvent être ajoutés au régime thérapeutique en cas d'inflammation importante, de vitrite sévère, de décollement séreux de la rétine, et de rétinite ou de vascularite impliquant la macula. Le foscarnet intravitréen semble être une alternative lorsque les autres médicaments anti-CMV administrés par voie intraveineuse ne sont pas bien tolérés [86]. Lorsqu'on compare expérimentalement chez le lapin la pharmacocinétique du ganciclovir intravitréen (196 et 800 μg) et celle du foscarnet (960 μg), on observe que les deux posologies de ganciclovir produisent des concentrations rétiniennes supérieures à la concentration minimale inhibitrice (CMI) de la plupart des isolats humains de CMV pendant plus de 60 heures, alors que les concentrations rétiniennes de foscarnet sont plus faibles que la CMI à l'égard du CMV à la 36 e heure après l'administration du médicament. Ces résultats suggèrent que l'administration intravitréenne du ganciclovir présente un meilleur profil pharmacocinétique que le foscarnet pour le traitement de la rétinite à CMV, et nécessite une moindre fréquence d'injections [87].
Fomivirsen
Le fomivirsen sodique a été le premier oligonucléotide antisens dont la commercialisation a été approuvée par la Food and Drug Administration (FDA) en 1998. Ce 21-mer phosphorothioate oligodésoxynucléotide (qui contient un motif CpG à son extrémité 5′) était destiné au traitement de patients atteints de rétinite à CMV. La cible était l'ARNm du CMV dont la transcription était bloquée par mécanisme antisens. Le médicament, mis sur le marché en 1999, a été retiré 3 ans plus tard, semble-t-il en raison de la diminution considérable des cas de rétinite à CMV, en raison du succès des trithérapies anti-VIH.
Cidofovir
Le cidofovir ou hydroxy-phosphonyl-méthoxypropyl-cytosine est un puissant inhibiteur de la prolifération du CMV in vitro. Il supprime la réplication du CMV par inhibition sélective de la synthèse de l'ADN viral. Il inhibe sélectivement les ADN polymérases HSV-1, HSV-2 et CMV par le cidofovir diphosphate, métabolite intracellulaire actif du cidofovir. Ce métabolite inhibe les polymérases virales à des concentrations 8 à 600 fois plus faibles que celles nécessaires pour inhiber les diverses ADN polymérases cellulaires humaines. L'incorporation du cidofovir dans l'ADN viral entraîne une réduction de la synthèse de cet ADN. Le cidofovir pénètre dans les cellules par endocytose en phase liquide et il est phosphorylé en cidofovir monophosphate (CMP), puis en cidofovir diphosphate (CDP). Les effets antiviraux prolongés du cidofovir sont liés à la demi-vie de ses métabolites; le CDP persiste à l'intérieur des cellules avec une demi-vie de 17 à 65 heures. Une seule injection IVT de cidofovir empêche, sur un modèle de lapin, la progression de la rétinite à HSV-1 pendant une période presque 10 fois plus longue qu'avec une seule injection IVT de ganciclovir [88]. Aucun signe de toxicité rétinienne n'a été retrouvé (aux doses < 100 μg par œil) après injection IVT chez le lapin et le singe [89]. Des études cliniques de phase I/II ont montré qu'une seule injection IVT de 20 μg de cidofovir était sûre et efficace contre la rétinite à CMV dans l'œil humain pendant une durée médiane de 55 jours. À des doses plus élevées (40–100 μg/œil), cependant, le médicament provoque une hypotonie oculaire irréversible dans 33 % (à 40 μg) et 100 % (à 100 μg) des cas [90]. Le cidofovir peut être détecté dans le vitré plus de 4 mois après l'injection [91]. En France, il n'est plus accessible dans le cadre d'une AMM (Vistide®), mais d'une autorisation d'accès compassionnel.
Antimétabolites et médicaments antinéoplasiques
5-Fluorouracile
Le 5-FU est un antimétabolite puissant qui inhibe la prolifération des fibroblastes intraoculaires, notamment au sein de l'épithélium pigmentaire dans des modèles animaux et des études in vitro. Le 5-FU est converti (par phosporylation) à l'intérieur de la cellule en nucléotides de fluoropyrimidine qui agissent en bloquant la synthèse de l'ADN grâce à l'inhibition de la thymidylate synthétase et diminuent le fonctionnement de l'ARN en raison de l'incorporation des métabolites du 5-FU dans les ARN synthétisés [ 92]. Chez l'homme, le 5-FU a été utilisé sans succès pour inhiber la prolifération vitréorétinienne en adjuvant de la chirurgie du décollement de rétine. Si le 5-FU s'est avéré non toxique sur la rétine saine, il peut présenter des risques dans des yeux siliconés [93].
Méthotrexate
Le méthotrexate (MTX) est un agent anticancéreux utilisé pour traiter une variété d'affections malignes. Il se lie réversiblement à la dihydrofolate réductase et l'inhibe, ce qui bloque la synthèse de l'ADN, de l'ARN et des protéines. Le MTX intravitréen s'est avéré être un traitement efficace pour diverses maladies intraoculaires. Les indications les plus fréquentes sont les lymphomes intraoculaires et les uvéites [ 94 , 95]. La toxicité oculaire d'une polychimiothérapie intravitréenne, composée de 3 cycles d'injections en série de MTX (400 μg aux jours 1, 4 et 6), une injection unique de 5-FU (500 μg au jour 2) et de dexaméthasone (500 μg au jour 7), a été évaluée sur des lapins au moyen d'un ERG. Des fluctuations des amplitudes des ondes a et b ont été observées, mais un rétablissement complet a été noté, sans différence statistiquement significative dans la moyenne des amplitudes des ondes a et b entre les yeux traités et les yeux témoins en fin de cycle [96]. Les examens histopathologiques ont confirmé les résultats des ERG, ne montrant aucun dommage au niveau des photorécepteurs ou du nerf optique. Les effets indésirables du MTX intraoculaire sont l'épithéliopathie cornéenne et l'endophtalmie stérile et, moins fréquemment, l'hémorragie intravitréenne. Une injection IVT unique de MTX (200 ou 400 μg) n'a entraîné aucun effet indésirable.
Melphalan
Le melphalan, ou L-sarcolysine, est une moutarde azotée, la dichloro-éthyl-phénylalanine. C'est un agent alkylant cytostatique empêchant la réplication de l'ADN. Par ses deux groupements alkylés, le melphalan établit des liaisons covalentes stables avec les groupements nucléophiles des deux brins d'ADN, empêchant la division cellulaire. Le melphalan a été utilisé dans des cas de rétinoblastome avancé, injecté par voie intravitréenne et dans l'artère ophtalmique [97]. Chez l'homme, l'injection IVT de melphalan pour le rétinoblastome permet de préserver plus de 50 % des yeux atteints, mais près de la moitié des yeux sauvés ont néanmoins dû être énucléés à terme. On n'a pas observé d'effets secondaires graves, comme la dissémination extraoculaire de cellules tumorales en lien avec l'injection intravitréenne [98]. Des investigateurs japonais ont mis au point une technique permettant d'administrer la chimiothérapie au niveau de l'orbite en obstruant temporairement l'artère carotide en aval de l'artère ophtalmique, ce qui permet de limiter les effets systémiques.
Anticorps monoclonaux
Le tableau 13-7
Tableau 13-7
Anticorps monoclonaux utilisés en 2022 et en cours d'étude dans le traitement des maladies oculaires.
Nom du médicamentSpécialitécibleComposition de l'anticorpsIndications actuellesStatut EMA ANSM
AdalimumabHumira®TNF-αHumainUvéite antérieure chronique non infectieuse chez les enfants et les adolescents à partir de 2 ans, uvéite et maladies inflammatoires Hors AMM
AfliberceptEylea®VEGFProtéine de fusion composée des fragments des domaines extracellulaires des récepteurs de types 1 et 2 du VEGF humain fusionnés au fragment Fc de l'IgG1 humaine Forme néovasculaire (humide) de la DMLA
Baisse d'acuité visuelle due à l'œdème maculaire secondaire à une OBVR ou à une OVCR
Baisse d'acuité visuelle due à l'OMD
Baisse d'acuité visuelle due à une néovascularisation choroïdienne myopique
AMM
BévacizumabAvastin®VEGF-AHumaniséForme néovasculaire (humide) de la DMLARTU
BrolucizumabBeovu®VEGFscFV, petit anticorps ne contenant que les parties liant le VEGF-A (26 KD) Forme néovasculaire (humide) de la DMLA
Baisse d'acuité visuelle due à l'OMD
AMM Europe
RTU en France
ÉtanerceptEnbrel®TNF-αProtéine recombinante dimériqueUvéite et maladies inflammatoiresHors AMM
InfliximabRemicade®TNF-αChimériqueUvéite et maladies inflammatoiresHors AMM
RanibizumabLucentis®VEGF-AFragment d'anticorpsForme néovasculaire (humide) de la DMLA
Baisse visuelle due à l'OMD
Rétinopathie diabétique proliférante
Baisse visuelle due à l'œdème maculaire secondaire à une OBVR ou une OVCR
Baisse visuelle due à une néovascularisation choroïdienne
AMM
RituximabMabthéra®CD20ChimériqueLymphome et maladies inflammatoiresHors AMM
fournit des informations sur le mécanisme d'action, les indications et le statut réglementaire des anticorps monoclonaux.
Anti-VEGF
Divers médicaments anti-VEGF sont actuellement disponibles en France :
  • le ranibizumab, fragment d'anticorps monoclonal humanisé contre le VEGF (Lucentis®, disponible depuis 2007). La FDA a validé en septembre 2021 le premier biosimilaire de ranibizumab (Byooviz®, SB11) dont le médicament princeps est Lucentis®, mais qui n'est pas encore autorisé en France;
  • l'aflibercept, protéine de fusion composée de fragment des domaines extracellulaires des récepteurs du VEGF (Eylea®, disponible depuis 2013);
  • le bévacizumab (Avastin®);
  • le brolucizumab (Beovu®) Fragment scFv d'un anticorps humanisé contre le VEGF. Ce médicament dispose d'une AMM européenne depuis 2020. Sa commercialisation, autorisée en France en octobre 2020, ne concerne que la seule indication du traitement de la baisse d'acuité visuelle due à l'œdème maculaire diabétique.
Le ranibizumab et l'aflibercept disposent d'une AMM, le bévacizumab et le brolucizumab disposent d'une recommandation temporaire d'utilisation (RTU). À ce jour, aucune étude n'a démontré la supériorité d'un médicament sur l'autre dans l'une des formes cliniques de la DMLA exsudative (voir chapitre 19 ). La comparaison des différents médicaments anti-VEGF est un élément important de la compréhension des différentes stratégies thérapeutiques [ 99 , 100]. Selon la Haute autorité de santé, le choix entre les anti-VEGF (ranibizumab [Lucentis®], aflibercept [Eylea®] et brolucizumab [Beovu®)] et Ozurdex® [dexaméthasone en implant intravitréen]) dans le traitement de première intention chez les patients pseudophakes reste à l'appréciation de l'ophtalmologiste qui tiendra compte des caractéristiques ophtalmologiques de l'œil traité (antécédent de glaucome ou d'hypertonie oculaire, statut du cristallin [phake ou pseudophake], antécédent de vitrectomie), du stade de la rétinopathie diabétique, des antécédents cardio-cérébro-vasculaires, de l'âge du patient et de ses capacités d'observer le traitement. Le faricimab est une molécule recombinante qui neutralise le VEGF et l'angiopoïétine 2, il est en fin d'évaluation clinique et sera probablement approuvé en France prochainement (voir chapitre 19 ).
ANTI-TNF-α – étanercept, infliximab, adalimumab
Ces trois anticorps monoclonaux présentent des propriétés utilisées dans le traitement des uvéites et d'autres maladies inflammatoires oculaires [ 101]. Bien que l'infliximab et l'étanercept aient été principalement administrés par voie systémique, les anti-TNF-α peuvent être utilisés par voie intraoculaire pour la prise en charge de maladies inflammatoires et angiogéniques intraoculaires graves. Des injections IVT d'infliximab ont entraîné des réactions inflammatoires et des hypertonies sévères. Le profil de sécurité des injections IVT de différentes doses d'adalimumab chez le lapin a permis de valider un limite de tolérance avec 0,50 mg d'adalimumab; alors que l'injection de 1 mg d'adalimumab induit des modifications inflammatoires, des lésions histopathologiques et des altérations significatives de l'ERG [102]. En résumé, la plupart des études suggèrent un profil de toxicité rétinienne dose-dépendante pour les anticorps monoclonaux anti-TNF-α intravitréens. Il n'est pas recommandé de les injecter en IVT. Les effets toxiques neuro-ophtalmologiques de l'infliximab, de l'adalimumab et de l'étanercept se traduisent par une neuropathie du nerf optique antérieur ou une paralysie du nerf oculomoteur, et plus de 15 cas de névrite optique ont été rapportés.
Anti-CD20 – rituximab, daclizumab, éfalizumab, alemtuzumab
Le rituximab, le daclizumab, l'éfalizumab et l'alemtuzumab ont révélé des résultats positifs dans des études animales et cliniques précoces, et peuvent représenter des thérapies adjuvantes utiles pour les lymphomes oculaires ou certaines pathologies inflammatoires oculaires. Le rituximab (Mabthera®) est un anticorps monoclonal chimérique murin/humain; il s'agit d'une immunoglobuline glycosylée associant d'une part les régions constantes d'une IgG1 humaine et d'autre part les régions variables des chaînes légères et lourdes d'origine murine dirigées contre l'antigène du cluster de différenciation 20 (CD20). Son emploi a été approuvé pour le traitement des lymphomes non hodgkiniens (folliculaire, à cellules B), la polyarthrite rhumatoïde, la leucémie lymphoïde chronique, et la granulomatose avec polyangéite (GPA, maladie de Wegener) et la polyangéite microscopique (PAM) sévères et actives. Le rituximab n'est pas autorisé pour le traitement des états inflammatoires de l'œil, mais sa pharmacocinétique a été étudiée, montrant qu'une fois injecté par voie intravitréenne à des doses allant jusqu'à 1 mg, on n'observait pas de lésion rétinienne chez des lapins, ni de signes cliniques de toxicité sur une petite série de 5 malades [ 103]. Ces éléments peuvent rassurer quant à la sécurité du rituximab pour une injection IVT dans le traitement de localisations uvéales ou oculocérébrales de lymphome.
Médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pourraient avoir comme principale indication rétinienne l'œdème maculaire cystoïde. Ils peuvent déjà être utilisés de manière systémique ou topique. Contrairement aux corticoïdes, les AINS peuvent ne pas être associés à une augmentation de la PIO. L'utilisation à la fois du diclofénac et du kétorolac, en injections IVT, a été évaluée chez le lapin. L'électrorétinographie n'a montré aucun signe toxique, ni d'infection intravitréenne. Pour autant, l'utilisation intravitréenne d'AINS n'a pas été évaluée en profondeur chez l'homme.
Enzymes et fibrinolytiques
La vitréolyse pharmacologique fait référence à la capacité d'altération de l'organisation moléculaire du vitré pour obtenir l'induction d'un décollement postérieur du vitré (DPV) et sa liquéfaction. Ainsi, de nombreux agents pharmacologiques ont été étudiés afin de faciliter un geste chirurgical et de réduire les complications de la vitrectomie. L'activateur tissulaire du plasminogène, la plasmine, ainsi que la microplasmine et l'hyaluronidase ont montré une capacité d'induire le DPV lors d'une administration en une seule injection IVT, dans des études expérimentales et humaines [104] (voir chapitre 29 ).
L'ocriplasmine a une activité protéolytique à l'égard des composants protéiques du corps vitré et de l'interface vitréorétinienne (IVR; par exemple laminine, fibronectine et collagène), et vise à dissoudre la matrice protéique responsable de l'adhérence anormale vitréomaculaire. L'étroite liaison des composants protéiques au sein de la zone maculaire de l'IVR contribue à la traction vitréomaculaire, entraînant l'altération visuelle ou les trous maculaires. C'est sur cette base que l'ocriplasmine (Jetrea®, flacon de 0,375 mg) a obtenu une AMM chez l'adulte pour le traitement de la traction vitréomaculaire (une injection unique de 0,125 mg), notamment lorsqu'elle est associée à un trou maculaire d'un diamètre ≤ 400 μm. L'AMM est limitée à la sous-population de patients présentant une traction vitréomaculaire isolée ou associée à un trou maculaire de diamètre ≤ 400 μm, non sévèrement atteints. Toutefois, la durée de suivi a été limitée à 6 mois. Des modifications des enregistrements ERG ont été très fréquemment rapportées.
L'innocuité de l'activateur tissulaire du plasminogène a été évaluée expérimentalement chez le lapin et le chat. Il a été injecté par voie intravitréenne (de 50 à 100 μg) chez l'animal, et on peut constater une inflammation du vitré, modérée à sévère, une réduction des ondes a et b scotopiques à l'ERG, ainsi que des altérations pigmentaires diffuses, des pertes sévères de photorécepteurs couplées à une nécrose proliférative de l'EP [105]. En clinique, le rapport de cas sévères de baisse de l'acuité visuelle après injection de Jetrea® a réduit l'enthousiasme d'utilisation de cette spécialité pharmaceutique [ 106].
Excipients des médicaments administrés en intravitréen
Additifs
L'une des principales sources potentielles de biais dans l'évaluation de la toxicité rétinienne de certaines préparations pharmaceutiques repose sans aucun doute sur les effets indésirables potentiels des excipients et additifs destinés à « stabiliser» la préparation pharmaceutique. Ainsi, la formulation habituelle des anticorps monoclonaux commercialisés contient, outre l'anticorps-médicament lui-même, divers additifs qui assurent une fonction spécifique :
  • un excipient pour ajuster la tonicité (principalement du chlorure de sodium) ou l'osmolalité pour les solutions (parmi les excipients non ioniques utilisés figurent le saccharose, le tréhalose, le mannitol, le maltose et le sorbitol);
  • un lyoprotecteur (tréhalose ou saccharose) pour les poudres lyophilisées;
  • un tampon (qui permet de maintenir un pH entre 4,8 et 8,0) ou un agent modificateur du pH comme l'histidine, le citrate, le succinate, l'acétate, le phosphate, le glutamate, l'acide adipique, l'acide aspartique, l'acide lactique, la trométhamine et l'acide 2-(N-morpholino)-éthanesulfonique;
  • un tensioactif (principalement du polysorbate 20 ou du polysorbate 80, parfois du poloxamère 188 et plus rarement du PEG 3350);
  • un modérateur de viscosité (parmi les excipients qui abaissent la viscosité figurent le chlorure de sodium et les acides aminés arginine, glycine, proline et lysine). La viscosité d'une solution d'anticorps augmente de manière exponentielle avec l'augmentation de la concentration d'anticorps : jusqu'à 60 fois plus visqueuse que la solution aqueuse sans anticorps pour des solutions relativement peu concentrées. Cette augmentation de la viscosité est due à l'auto-association réversible de l'anticorps, médiée par les interactions Fab-Fab [107]. La viscosité des formulations d'anticorps est importante dans le traitement ainsi que pour l'administration et, dans le cas d'une formulation lyophilisée, pour le temps de reconstitution.
L'arginine est également utilisée pour ajuster la force ionique et minimiser les microagrégations.
Certaines formules incluent de la méthionine comme antioxydant et l'EDTA ou le DTPA comme agents chélateurs.
Malgré les effets thérapeutiques favorables résultant de l'injection IVT d'acétonide de triamcinolone pour le traitement de la DMLA, de l'œdème maculaire diabétique, de la rétinopathie diabétique, de l'œdème maculaire dû à une atteinte veineuse rétinienne, etc., il est apparu que la présence d'alcool benzylique dans le Kenacort® était à l'origine d'effets délétères sur les tissus oculaires [108]. L'injection de 0,1 ml d'alcool benzylique pur dans la cavité vitréenne de lapins a confirmé les propriétés toxiques de cet excipient [109]. On a noté une réduction (d'environ –50 %) des amplitudes moyennes des ondes a et b à l'ERG. Les effets toxiques de l'administration de deux volumes différents (0,1 et 0,2 ml), sur la rétine de lapins, de deux excipients d'acétonide de triamcinolone ont été évalués [ 110]. Les deux excipients se composaient soit de 9,9 mg/ml d'alcool benzylique, soit de 7,5 mg/ml de carboxyméthylcellulose sodique et 0,4 mg/ml de polysorbate 80. Dans les deux cas, une toxicité rétinienne pouvait être observée.
On a rapporté les effets délétères des conservateurs présents dans une autre préparation commerciale de corticoïde alors fréquemment utilisée par les ophtalmologistes, l'acétate de méthylprednisolone (Depo-Medrol®). Le chlorure de myristyl-gamma-picolinium, dénommé dans l'AMM de la spécialité « chlorure de miripirium», est le principal composant toxique (pour les tissus de l'œil) de la formulation. Lorsque des solutions de chlorure de myristyl-gamma-picolinium sont injectées, on observe, dès le 3 e jour, des altérations de l'ERG (avec, cliniquement, une mauvaise adaptation à la lumière et à l'obscurité) sans récupération pendant au moins 2 mois [111].
À l'occasion d'études sur la tolérance rétinienne au bévacizumab en co-application avec un activateur tissulaire du plasminogène recombinant (rtPA), on a soupçonné l'arginine présente dans l'excipient d'être à l'origine d'une toxicité rétinienne. À 60 mg/ml de rtPA, on observe une légère mais significative diminution de l'amplitude de l'onde a à l'ERG. À la concentration la plus élevée de 200 mg/ml de rtPA, une réduction significative des amplitudes des ondes a et b, apparemment irréversible, s'est produite pendant l'exposition [112]. Cela a été confirmé par une étude relative aux conséquences de l'injection IVT d'aztréonam qui contient également de la L-arginine, à l'origine de dommages rétiniens [ 113].
Osmolarité et pH
Des lésions cellulaires à l'interface vitréorétinienne, y compris un rétrécissement non spécifique (confirmé à l'OCT) et une perturbation de l'architecture cellulaire, peuvent être causées par la présence de liquides hyperosmotiques (> 500 mOsm). Bien que les différences d'osmolarités entre l'espace sous-rétinien et la choroïde soient rapidement corrigées par les liquides des tissus adjacents, l'osmolarité non physiologique de solutions injectées peut provoquer des lésions rétiniennes lors du contact avec l'espace sous-rétinien, comme lors de la chirurgie maculaire. Ainsi, les injections IVT de colorants peuvent rapidement modifier l'osmolarité dans la cavité vitréenne. Plusieurs études in vivo et in vitro ont montré que les solutions de vert d'indocyanine, hypo-osmotiques, sont toxiques pour l'EP, effet accru par des expositions à la lumière peropératoire [ 114].
Bon nombre de médicaments sont utilisés hors AMM par voie intraoculaire, et on manque souvent de données pour réaliser les ajustements qui seraient susceptibles de minimiser les risques liés au non-respect des conditions physiologiques, de pH et d'osmolarité. Des valeurs de pH et d'osmolarité s'éloignant des fourchettes acceptables d'un point de vue physiologique doivent, de ce point de vue, être impérativement exclues.
Conclusion
L'administration intravitréenne (IVT) de médicaments s'est considérablement développée. Cet intérêt est notamment dû à la possibilité d'utiliser le vitré comme un réservoir de médicaments directement accessible par les tissus du segment postérieur, avec une diffusion systémique très limitée, voire négligeable, limitant les risques d'effets secondaires en dépit de concentrations locales élevées.
Toute injection IVT comporte un risque infectieux, cumulatif avec la répétition des injections. Tout médicament injecté peut induire des effets indésirables et la toxicité causée par l'exposition de la rétine à une forte concentration de médicament pendant des périodes prolongées reste une préoccupation, en particulier quand le médicament injecté ne dispose pas d'AMM (donc d'études validées) pour cette voie. Les effets à très long terme de l'exposition des tissus oculaires à des concentrations élevées de médicaments, qui exposent à des effets en dehors de leur cible ( off target effects ), ne seront potentiellement observables que sur des études en « vraie vie», rappelant la nécessité pour les ophtalmologistes de rester vigilants quant à l'observation et au signalement à la pharmacovigilance d'effets non attendus.
Bibliographie
Les références peuvent être consultées en ligne à l’adresse suivante : http://www.em-consulte.com/e-complement/477020.
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